3.2. Les archives de l'époque contemporaine
Les transformations de la société à l'époque moderne s'amplifient avec l'époque contemporaine. Elles modifient considérablement le contexte de création et d'utilisation des documents et ont des conséquences sur l'évolution des archives et de l'archivistique.
3.2.1. Evolution du contexte socio-économique
Au cours de l'époque contemporaine, la croissance de la masse des documents s’accélère en raison du développement :
de l'industrie et du commerce,
des systèmes administratifs,
des systèmes de communication et d'échanges,
de la socialisation des individus, etc.
Autant de causes à la croissance des documents produits, et à la nécessité de les conserver.
De nouveaux usages historiques et culturels voient également le jour :
à la faveur du développement de l’instruction publique puis de sa démocratisation,
ainsi qu’avec la création des États-nations en quête d’histoire et d’identité.
avec également l'essor des sciences sociales au XXe siècle.
De nouveaux supports apparaissent successivement :
photographiques,
cinématographiques,
sonores,
numériques.
Les nouveaux documents qui en découlent tendent, à la fin du XXe siècle, à créer de nouveaux usages et à supplanter dans certains cas les usages traditionnels du support papier.
3.2.2. Accélération du phénomène et conséquences administratives au XXe siècle
La croissance des documents de gestion s’accélère avec la guerre de 1914-1918 et la crise économique des années 1930, les États intervenant de plus en plus dans la vie économique et sociale. Des mesures sont prises tant en Europe (par exemple décret de 1936 en France) qu’en Amérique du Nord pour élargir la compétence des services d’archives aux documents administratifs et réguler la prolifération des documents tout en continuant d'assurer la conservation des archives définitives.
Après la Seconde guerre mondiale, cette accélération de la croissance des documents augmente encore. Les pays industrialisés connaissent dans les années 1950 un phénomène que l’on a qualifié alors d’« explosion documentaire ». Des mesures sont prises (par exemple création des archivistes en mission en France, Federal Record Act aux États-Unis et des mesures comparables au Canada, en Angleterre, en Allemagne etc.) pour élargir encore la compétence des services d’archives et promouvoir des politiques de préarchivage et de création de dépôts de préarchivage afin de désengorger les bureaux et de faire des économies de gestion.
3.3.3. Conséquences archivistiques
Des concepts, principes et méthodes nouvelles apparaissent et s’élaborent au cours de ces deux siècles :
la notion de fonds d’archives et le principe de respect des fonds formulés en 1839-1841, évoluent et s'approfondissent au fur et à mesure que grandissent la masse et l'usage des archives ;
ainsi la théorie des trois âges des archives (1961) vient l'expliciter dans le contexte de l'explosion documentaire, etc.
Des pratiques de collecte, tri, classement, inventaire et communication se forment, se précisent et se normalisent au cours du temps en fonction des besoins croissants de conservation et d’exploitation des archives.
Un corps de connaissances se constitue progressivement que l’on désigne sous le nom d’ archivistique[1] , de plus en plus souvent enseignée en tant que tel dans les universités et non plus en annexe d'une autre discipline (l'histoire par exemple).
Enfin, la profession d’archiviste s’affirme peu à peu au cours du XXe siècle à travers notamment la création d’associations professionnelles (en 1904 en France).
Après la Seconde guerre mondiale, la création du Conseil international des archives (CIA) constitue la profession à l’échelon international.