Introduction
Les documents d’archives sur support numérique présentent quelques spécificités techniques qu’il convient de comprendre et qui les distinguent des documents d’archives sur support physique ou sur support analogique.
Dans le premier cas, celui des documents d’archives sur support physique « traditionnel » (papiers de tous genres, parchemin, papyrus, cire (tablette ou sceau), argile, tissu, maquettes et plans-reliefs, tirages photographiques sur papier ou sur verre, etc.), l’information est directement accessible à l’œil humain ou ne nécessite, pour le devenir, que l’emploi d’un appareil optique (projecteur) permettant de faciliter son agrandissement (photographies nécessitant un agrandissement comme une diapositive, microfilm). Certes, cela ne veut pas dire que la personne qui consulte ces documents pourra les comprendre et celle-ci devra mettre en œuvre pour ce faire des connaissances en matière de paléographie, de diplomatique, de linguistique ou d’analyse de l’image. Néanmoins, il n’est pas besoin d’appareils spécifiques pour rendre lisible l’information concernée.
Le deuxième cas est celui des documents d’archives sur support analogique, à savoir des enregistrements sonores et audiovisuels : l’information, pour être intelligible, a absolument besoin de la médiation d’un appareil pour permettre à l’utilisateur de prendre connaissance de l’information : projecteur, lecteur, etc.
Or, dans le cas des documents d’archives sur support numérique, la chose est encore plus compliquée :
en aucune manière il n’est possible à un être humain de prendre connaissance directement de l’information stockée sur un support numérique. Il y aura toujours besoin d’un appareil qui permettra de lire l’information stockée sur le support ;
cependant, un appareil de lecture ne suffit pas, car l’information est encodée sur le support numérique. L’appareil de lecture doit donc être muni d’un ensemble de programmes informatiques (système d’exploitation, logiciels divers et variés) qui permettent d’accéder à l’information stockée sur le support numérique, de l’interpréter et de la restituer sous une forme lisible pour un être humain ;
même restituée sous une forme lisible par un être humain, l’information peut avoir fait l’objet d’un codage particulier pour représenter l’information, et qui ne peut devenir intelligible qu’au moyen d’une documentation précise. Sur ce point, le module 7B/section 1 pourra être consulté.
Et tous ces matériels, logiciels et supports de stockage évoluent dans le temps, souvent assez rapidement.
Par ailleurs, les documents d’archives sur support numérique sont plus facilement :
reproductibles : il est plus facile de réaliser une copie d’archives sur support numérique que d’archives sur support physique ou analogique. Un même document d’archives peut être stocké sur de nombreux supports de stockage différents ;
modifiables : falsifier un document d’archives existant sous format analogique est certes faisable, mais c’est sans commune mesure avec la capacité à modifier un document d’archives sur support numérique.
Ils nécessitent donc un traitement spécifique.
Le présent chapitre a pour objectif de :
permettre aux archivistes de mieux comprendre comment les documents d’archives numériques sont créés, stockés et transmis ;
comprendre ce qui rend les documents d’archives sur support numérique si spécifiques ;
appréhender les risques associés à la préservation dans le temps de ces documents d’archives sur support numérique.
Il complète et précise des notions abordées dans le module 7B.