3.1. Idée reçue n°1 : la préservation numérique n’est qu’une affaire de technique

FAUX

Certes, on ne peut pas nier que les questions techniques sont essentielles dans la préservation numérique, mais elles ne sont pas les seules à devoir être prises en compte.

La préservation numérique est aussi une question :

  • archivistique : il est important de garder un point de vue « métier » sur les informations numériques et de bien identifier ce qui doit être archivé et les problèmes que posent les spécificités de l’information numérique en matière de représentation et de manipulation des informations (multiplication des versions de fichiers, caractère dynamique des ressources). L’archiviste doit cependant rester lui-même face à des documents d’archives sur support numérique et mettre en œuvre les savoirs (diplomatique) et savoir-faire (évaluation, sélection, tri, description) qu’il met déjà en œuvre pour les documents sur supports physique et analogique ; 

  • organisationnelle : il faut définir des rôles et responsabilités (qui évoluent dans le temps) ; identifier ce qui peut être fait de manière internalisée par les services d’archives ou externalisée chez des prestataires de services (publics comme privés) ; identifier les compétences et les ressources disponibles ; mettre en œuvre des expérimentations avant de prendre des décisions, mais aussi formaliser les retours d’expérience et en tirer les meilleures leçons possibles à l’avenir ;

  • juridique : au-delà des questions bien connues des archivistes qui ne changent pas pour les documents d’archives sur support numérique (communicabilité, accès des citoyens à l’information), la préservation numérique met en jeu des questions inédites de propriété intellectuelle (droit d’auteur, droit des logiciels et bases de données par exemple, mais aussi capacité à intervenir sur les œuvres de l’esprit pour assurer leur préservation, avec l’accord des ayants droit) et accentue certaines problématiques déjà présentes pour les documents d’archives sur supports physique et analogique (protection de la vie privée et des données à caractère personnel) ;

  • financière : les compétences et les infrastructures nécessaires à la préservation des informations sur support numérique ont un coût qu’il convient d’évaluer. De même qu’il peut être trop coûteux de trier finement le contenu d’une volumineuse série de dossiers sur support physique, de même la mise en œuvre d’actions de préservation (migration de format par exemple) sur un ensemble d’archives sur support numérique pourra être estimée trop coûteuse en temps, en argent et en ressources informatiques ;

  • écologique ; les enjeux du développement durable sont très présents avec le numérique du fait de la consommation énergétique et de l’impact environnemental des data centers.

La gestion des risques est au centre de la préservation numérique. Elle est le prisme essentiel, à la fois pour identifier les besoins et les priorités en matière de préservation numérique, mais aussi pour évaluer l’intérêt à mettre en œuvre ou non des actions de préservation numérique. L’évaluation des risques est un processus continu, itératif, à toutes les étapes de la gestion du cycle de vie[1] des documents d’archives.

La gestion des risques informationnels est abordée plus en détail dans le module 7B, section 8, chapitre 3.