Chapitre 4. Stratégies d'association
Nous avons déjà esquissé cette question au travers d’exemples dans les sections précédentes :
• l’exemple de la mutualisation d’une infrastructure de stockage dans la section 6,
• l’exemple des registres de format pour partager les coûts de collecte des informations et les coûts d’évaluation des formats de représentation dans la section 7.
La complexité de l’archivage numérique, la diversité des compétences mises en œuvre et la fiabilité nécessaire des infrastructures ont pour conséquences qu’en dehors de quelques très grands organismes, il sera très difficile pour un grand nombre d’institutions de mettre en place un service d’archives numériques ne reposant que sur leurs moyens propres. La mutualisation d’un certain nombre de dépenses apparaît ici comme un facteur incontournable de réduction de coût.
La réduction des coûts sera abordée en détail dans la section 11 « Gestion d’un projet d’archivage électronique ».
Nous présentons ici la problématique de mutualisation sous son aspect méthodologique, tel qu’il est développé dans le modèle OAIS.
La coopération entre services d’archives numériques peut répondre à plusieurs besoins
• du point de vue des décideurs et des gestionnaires des archives :
o réduire et maîtriser les coûts, accroître la qualité et la fiabilité du service en partageant du matériel, du logiciel, des moyens réseaux,
o réduire les coûts en établissant un ensemble des règles et procédures applicables,
o bénéficier des retours d’expériences de chacun,
o construire les nouvelles compétences,
• du point de vue des utilisateurs, nous pouvons envisager la possibilité
o d'outils communs de recherche pour faciliter la localisation de l'information dans plusieurs Archives
o d’un standard de description de Paquet commun pour l'accès (par exemple un schéma de métadonnées),
o d'un standard de paquet d’information à verser (SIP) et diffusé (DIP) commun pour le transfert et la diffusion (par exemple un standard d’échange),
o voire, d’un site unique d'accès global.
Le modèle OAIS identifie 4 situations dans ce domaine :
• les Archives indépendantes
• les Archives coopérantes
• les Groupement d’Archives
• les Archives partageant des ressources.
4.1. Archives indépendantes
Dans ce cas, il n’y a aucune interaction avec d’autres Archives.
Une Archive indépendante ne signifie pas une Archive sur un site géographique unique, l’Archive peut elle-même être distribuée sur plusieurs sites.
L’Archive indépendante peut naturellement utiliser des normes, des standards ou des outils existants,
Mais les décisions d'utiliser ces normes, standards ou outils
ne sont pas dictées par la possibilité d'interopérabilité avec d'autres Archives,
mais plutôt par des exigences locales de performance, de fiabilité et des soucis de réduire les coûts.
4.2. Archives coopérantes
La coopération repose ici sur un accord portant sur les standards entre deux ou plusieurs Archives.
Par exemple, une Archive agit comme utilisateur de données d'une autre Archive. L'Archive utilisatrice doit accepter le format de Paquet d’information diffusé (DIP) de l’Archive productrice comme format de Paquet d’information à verser (SIP).
Ce type d’accord est indispensable quand les fonds d'une Archive doivent être transférés dans une autre Archive en raison d’un changement de partage de responsabilité
Exemple :
4.3. Groupements d'Archives
Ces groupements visent à rendre un service de plus haut niveau pour les utilisateurs.
Mais cela suppose bien sûr qu’il existe une communauté intéressée par les fonds de plusieurs Archives.
Le groupement va permettre alors :
la mise en place d’un catalogue commun,
la mise en place d’outils de recherche communs aux Archives du groupement,
la localisation des Paquets d'Information intéressants dans l'une ou l'autre des Archives par une session de recherche unique.
Le catalogue commun peut limiter son activité à servir d’outil de recherche ou bien peut aussi inclure la diffusion des Paquets.
Nous voyons apparaître ici une distinction entre le fournisseur de service et le fournisseur de données.
Légende : Quelques problèmes possibles sont à traiter :
On trouve actuellement de tels groupement dans le domaine scientifique au sein duquel les besoins d’interopérabilité entre Archives (appelées centres de données) sont très forts. |
4.4. Archives partageant des ressources
L’objectif est ici de partager des ressources coûteuses comme :
le système de gestion hiérarchique des fichiers pour le stockage,
les périphériques pour le versement ou la diffusion de Paquets d‘information,
des calculateurs utilisés pour les transformations complexes entre SIP, AIP ou DIP,
etc.
Cette association diffère fondamentalement des exemples précédents car on ne peut plus ignorer l'architecture interne des Archives
Exemple :
Nous avons montré, dans le chapitre 4 de la section 6, un schéma correspondant au partage d’infrastructures de stockage (voir chapitre ME).
Un autre exemple est celui-ci :
Dans cet exemple, les deux Archives ont le même management. Elles partagent l'infrastructure de stockage et de gestion de données, mais elles assurent séparément la réception et la validation des paquets de versement (les formats de données peuvent être différents et dépendre du secteur d'activité couvert par chacune des deux Archives). Elles offrent à leurs utilisateurs respectifs, une interface d'accès correspondant aux besoins de ces utilisateurs.