5. Le public des historiens amateurs et des généalogistes
A côté des enseignants et chercheurs universitaires, plusieurs publics de curieux d'histoire se sont développés qui amènent un nombre grandissant d’individus à dépouiller les archives pour :
établir des généalogies
ou écrire des monographies d'individus, de villages, de bâtiments.
La généalogie s'est considérablement développée depuis quelques décennies. On a avancé, comme raisons de ce phénomène, le développement de l'ère des loisirs et un besoin très fort de quête des racines pour retrouver une identité.
Les services d'archives accueillent ainsi une foule nouvelle de lecteurs, d'horizons sociaux très divers. Ce public représente parfois 60% à 70% du total des chercheurs qui fréquentent les salles de lecture au cours d'une année. Après avoir consulté les sites internet spécialisés, ces chercheurs parcourent les archives de plusieurs régions pour retrouver les documents attestant des données pertinentes à leurs études.
Les conséquences ont souvent été bénéfiques et ont eu des répercussions sur l'augmentation du lectorat et des crédits alloués. On observe :
des salles de lecture assidûment fréquentées par des habitants de la localité mais aussi par des « visiteurs » venus d’autres régions ;
une justification plus grande du microfilmage et de la numérisation des registres paroissiaux et d'état civil, documents de base utilisés par les généalogistes ;
une publication de nouveaux outils de recherches et de guides adaptés à ce public.
Les généalogistes se sont généralement groupés en cercles ou en sociétés qui organisent régulièrement des congrès où les archivistes peuvent prendre une part active.
Complément : La généalogie
Il peut arriver que certains généalogistes n'aient pas le sentiment d'être réellement pris au sérieux dans leur démarche. Ce sentiment est facilement saisissable dans la fréquentation des salles de lecture et corroboré par des témoignages. Nous prendrons quelques extraits d'une étude du ministère de la Culture en France (p. 87-96) :
Un généalogiste s'exprime ainsi :
«Ils ne nous ont pas pris au sérieux, au départ, dans les années soixante. Depuis ça a changé. C'est pas très vieux ; ça fait quatre ou cinq ans qu'on a vraiment tout ce qu'on veut !»
Cette courte citation exprime le malaise d'un public souvent mal perçu, tant du côté des services d'archives que des autres publics, historiens amateurs et chercheurs scientifiques...
Et pourtant, la généalogie, bien guidée et bien orientée, peut évoluer aisément vers des travaux d'histoire locale : un tel part de sa famille dont il dresse l'arbre généalogique, puis il s'intéresse à l'environnement où elle vivait, à son patrimoine, et enfin rédige l'histoire de la maison ou bien du village familial. Cette idée peut se résumer dans la phrase d'un généalogiste qui s'exprime ainsi : «... Souvent quand on commence une généalogie, on a peut-être envie d'aller plus loin...»
Reconnaissant les besoins particuliers de ces chercheurs, des institutions ont créé des services entièrement consacrés à ce type de recherche. C'est la cas notamment du Centre canadien de généalogie de Bibliothèque et Archives Canada qui leur consacre même sur son site internet, un espace donnant accès à des outils de travail facilitant leur travail.