5.1. Les rayonnages
On distingue deux sortes de rayonnages :
Les rayonnages fixes : les montants sont posés sur le sol et ne se déplacent pas.
Les rayonnages mobiles : ce sont des sortes d'armoires posées sur des rails que l'on peut déplacer grâce à différents systèmes.
Les rayonnages d'archives doivent répondre à certaines exigences relatives aux points suivants :
Les matériaux
Les dimensions
La solidité
La fonctionnalité
L'implantation
Pour ce dernier point, nous renvoyons à la section sur la construction et l'aménagement dans le module 10 sur les bâtiments.
Rappelons simplement:
qu'un rayonnage ne doit jamais être accolé à un mur extérieur, même par son extrémité
que l'implantation des rayonnages doit être aussi favorable que possible à la circulation de l'air
que l'implantation doit faciliter au mieux la circulation des chariots pleins de documents : on évitera notamment les virages difficiles : ainsi, les allées principales seront orientées de préférence perpendiculairement aux portes d'entrée dans le magasin.
on veillera à ce que les allées soient suffisamment larges
Enfin, il convient de signaler les exigences particulières liées aux rayonnages mobiles.
5.1.1. Les matériaux
Les rayonnages en bois, contreplaqué ou aggloméré, sont à proscrire pour les raisons suivantes :
Ils peuvent émettre des vapeurs nuisibles pour les documents
Ils manquent souvent de solidité pour le poids des archives
Ils sont sensibles à l'eau en cas d'inondations
Ils sont combustibles en cas d'incendie.
Ils sont très appréciés de certains insectes, notamment les vrillettes et les termites.
Les rayonnages — montants verticaux et tablettes — doivent être entièrement faits de métal laqué à chaud ou zingué et laqué à chaud.
5.1.2. Les dimensions
La hauteur maximale entre le sol et la dernière tablette ne doit pas dépasser 1,80m.
Les tablettes sont d'une longueur d'1m à 1,20m entre deux montants. Au-delà d'1,20m il devient très difficile de garantir leur résistance au poids des documents.
La première tablette sera posée à au moins 8 cm du sol, voire15 cm pour plus de sécurité, pour favoriser l'aération, permettre le nettoyage et offrir une marge de sécurité en cas d' inondation.
L'épi ne doit, en général, pas dépasser 10m de long.
La profondeur des rayonnages doit être soigneusement étudiée en fonction des documents que l'on a à ranger :
Pour les archives, il convient de préférer une profondeur de 30cm aux 25 à 27cm communément en usage dans les bibliothèques.
Il est important de prévoir en nombre suffisant des tablettes d'une profondeur supérieure à 40, 50, voire 60cm pour les documents de grand format et ceux qui doivent être rangés à plat.
5.1.3. La solidité
Les tablettes doivent être constituées de tôle d'une épaisseur d'au moins 10/10ème de millimètre.
Une tablette d’1m de long doit pouvoir supporter 100 kg répartis sur sa longueur, une tablette d'1,20m,120 kg.
A noter que la capacité à supporter cette charge ne dépend pas que de son épaisseur, mais aussi de la solidité des montants et des autres éléments assurant la cohésion du rayonnage.
La cohésion du rayonnage est souvent assurée par une barre de renfort en dessous de la tablette du bas et de celle du haut, ainsi qu'un fond d'épi.
Il faut éviter les panneaux pleins comme fonds d'épi pour faciliter la circulation de l'air. On préférera un treillis ou un croisillon.
5.1.4. La fonctionnalité
Le rayonnage ne doit présenter aucune aspérité susceptible de déchirer ou d'abîmer les documents
Les montants verticaux doivent être fermés, de préférence d'un panneau de tôle perforée pour faciliter la circulation de l'air.
Les tablettes doivent être mobiles pour pouvoir s'adapter au format des documents : montées sur crémaillères au moyen de taquets ou de clips, elles doivent pouvoir être déplacées facilement et sans outils tous les 25mm.
De ce point de vue, on évitera, dans les magasins de conservation, les rayonnages de type industriel, dont les tablettes sont accrochées par boulons et écrous, à cause des aspérités que ces éléments engendrent et des difficultés de démontage.
Les tablettes doivent être pourvues de fentes à intervalles réguliers d'environ 20 à 25mm pour l'accrochage de séparations verticales fixes et de serre-livres.
Les épis doivent être pourvus de panneaux pleins en bordure d'allée et en séparation de travées, afin de bien maintenir les documents rangés à la verticale.
Une tablette de couverture au-dessus de la dernière tablette peut être utile pour protéger plus efficacement les documents de la poussière. Elle participe aussi à la solidité du rayonnage.
D'ordinaire, les rayonnages d'archives sans fond d'épi ou dont le fond d'épi est constitué d'un simple croisillon ne comportent pas de rebord-butoir pour retenir les documents. C'est la condition indispensable pour pouvoir utiliser un épi double dans toute sa profondeur pour certains documents de grande taille. Néanmoins les rebords-butoirs peuvent être utiles pour certains types de documents et il est pratique d'en avoir des amovibles.
Pour ranger des livres, il est précisément utile de prévoir quelques rayonnages de bibliothèques, souvent moins larges et pourvus de rebords-butoirs.
5.1.5. Les exigences spécifiques aux rayonnages mobiles
Les rayonnages mobiles permettent un gain de place pouvant aller de 30 à 50%. C'est la raison pour laquelle ils sont souvent choisis malgré leur coût plus élevé et les contraintes architecturales qu'ils entraînent (voir le module 10 sur les bâtiments).
Mais ils ne répondent pas toujours aux exigences de la conservation, notamment parce qu'ils entravent la circulation de l'air.
De ce point de vue, ils doivent être proscrits dans tous les endroits où la maîtrise de l'air ambiant ne peut pas être parfaitement assurée, notamment en pays tropicaux et équatoriaux.
Lors du choix de ce type de matériel, on doit tout particulièrement veiller aux points suivants :
Les rails doivent être en métal inoxydable ainsi que toutes les autres parties de l'équipement ainsi que toutes les autres parties de l'équipement.
Ils doivent être très bien intégrés dans le sol, sans créer aucun relief par rapport à la surface
Les parties en bas-relief doivent permettre le passage des chariots sans secousses
La structure des rails doit être facile à nettoyer, sans fentes inaccessibles.
Le système anti-culbute, intégré ou non dans les rails, doit être efficace, même si les rayonnages ne sont chargés que sur les tablettes supérieures.
Les châssis doivent être aussi lourds et stables que possible, en métal zingué et si possible laqué
les roues doivent avoir un diamètre d'au moins 10 cm, être en fonte solide et montées sur des roulements à billes fermés ne nécessitant pas d'entretien.
pour favoriser au mieux la circulation de l'air, très réduite dans ce type de rayonnages, et éviter, dans la mesure du possible, la formation d'un microclimat défavorable, il faut éviter les joints d'étanchéité en caoutchouc entre les épis et préférer les tampons butoirs qui empêchent les épis de se fermer complètement.
Pour la même raison, on doit éviter les fonds d'épis pleins.
Deux systèmes de traction conviennent :
Le système de traction manuel
C'est le moins onéreux
Le système de traction par chaîne intégrée dans le rail est le plus efficace, mais il faut veiller à ce que la chaîne soit en métal inoxydable et à l'abri de la poussière.
La manivelle doit être en métal, à trois ou quatre bras
Le mouvement doit être bien démultiplié, afin qu'il reste facile de bouger les rayonnages à pleine charge.
Le système de déplacement électrique
Il est très onéreux
Il est efficace si un moteur individuel est intégré dans le châssis de chaque épi.
Il est à la merci des pannes et coupures d'électricité. Il est donc judicieux de le doubler d'un système manuel.
Le système de sécurité doit être bien étudié et opérationnel : arrêt du mouvement dès le moindre obstacle, comme les portes de garage.
Tous les autres systèmes de traction sont trop violents et peuvent causer des dommages mécaniques aux documents.
5.1.6. Les accessoires
Un certain nombre d'accessoires facilitent le travail du personnel et favorisent de bonnes conditions de conservation :
Les tablettes mobiles, soit en bout d'épi, soit sous les tablettes à hauteur d'homme, permettent de manipuler correctement et sans danger les documents pour des recherches et vérifications rapides. Il faut toutefois veiller à ce que les documents n'y soient pas oubliés.
Les porte-étiquettes sur les panneaux de bout d'épi sont très utiles pour numéroter les épis et se repérer facilement dans le magasin.
La pose de plinthes bien étudiées au bas des rayonnages permet une meilleure stabilisation de ceux-ci et constitue une barrière contre la poussière.
Les serre-livres sont indispensables pour la bonne conservation des volumes — livres et registres. Ils doivent répondre à un certain nombre de critères :
Être en métal laqué ou en acier inoxydable
ne pas présenter d'arêtes ou de coins vifs
être de taille suffisante pour soutenir efficacement des volumes de 15 à 40cm de haut. En effet, les volumes de grande taille sont fréquents dans les archives.
Être très stables à la pression, ne pas se déformer et ne pas glisser.
Être faciles à déplacer manuellement et à positionner avec précision. Les modèles les mieux adaptés sont ceux qui se fixent dans des fentes sur la tablette. Ceux fixés sur la tablette supérieure ne soutiennent pas la base des volumes qui peuvent ainsi subir des déformations ou glisser. Les serre-livres aimantés ne résistent en général pas suffisamment à la pression. Ceux qui se glissent sous les derniers volumes posés sur la tablette, sont peu pratiques et peuvent abîmer la base des volumes s'ils sont manipulés sans précaution.
En plus des serre-livres, il peut être utile de prévoir des séparations intercalaires amovibles qui permettent de créer plusieurs sections sur une tablette.