Module 9 - Section 1 : Microfilmer les documents

2. Origines

La mise au point des techniques employées remonte au XIXème siècle pour la microphotographie, aux années 1920-1930 pour le microfilm en rouleau.

Un microfilm de lecture se présente aujourd'hui comme un ensemble constitué par un support souple transparent et une ou plusieurs couches photosensibles développées, conservé en rouleau autour d'un noyau, permettant à l'aide de lumière et d'un système optique de reproduction de voir l'image du document microfilmé.

ComplémentDébuts de la microphotographie

La photographie microscopique prit naissance dès 1840. John B. Dancer à Londres et Prudent Dagron à Paris faisaient des reproductions sur format très réduit de portraits qu'on glissait dans des bagues ou des broches, permettant de porter sur soi une image d'êtres chers, ou bien de monuments et sites célèbres insérés dans le corps des porte-plume permettant aux écoliers heureux possesseurs de ces instruments de regarder d'un seul œil par transparence le mont Saint-Michel, ou autre chose.

ComplémentEvolution de la pellicule en rouleau

L'idée d'un négatif sur support souple sur bandes étroites et plus non en feuilles individuelles apparaît en Angleterre vers 1870. En 1884, Georges Eastman lança une pellicule en rouleau permettant de prendre 12 à 24 vues. La pellicule était composée d'un support de papier ordinaire, d'une couche de gélatine soluble dans l'eau et d'une couche de gélatine sensibilisée. Après la prise de vue, un traitement en usine développait, remettait l'émulsion sur une plaque de verre et coulait une autre couche de gélatine sur le négatif qu'on pouvait alors détacher du verre.

Il fallait pour le cinéma un support souple offrant une grande résistance mécanique : dans la caméra de prise de vue comme dans le projecteur, l'entraînement ne se faisait pas en continu, mais par à-coups, et le support perforé devait être capable de résister à la vitesse du défilement et à de nombreux passages dans les deux sens. Dès 1889, Eastman mit en vente un film sur support en nitrate de cellulose, qu'il renforça en 1896, année où les frères Lumière fabriquent en usine des films négatifs (pour la prise de vue) et positifs (pour les projections).

Le support souple en nitrate de cellulose avait l'inconvénient de pouvoir prendre feu spontanément et de se déstructurer en vieillissant. Le plus triste exemple est l'incendie d'une clinique de Cleveland (Ohio) en 1924, causé par le stockage de radiographies sur support nitrate.

La firme Agfa avait produit en Allemagne des films en acétate de cellulose dès 1901, mais c'est Charles Pathé qui réussit à élaborer un support de sécurité en France dès 1912. La chimie industrielle avait encore à résoudre la question de la production d'un support sûr et d'émulsions satisfaisantes pour la qualité des images. En 1937 elle mit au point de véritables pellicules de sécurité (Recordak Fine Grain, Agfa Minipan ou Dupont). Par la suite on sortit des films de sensibilités variées, adaptés aux divers éclairage,s des films pour les copies intermédiaires, des films pour l'enregistrement du son et des films couleur. En 1955 l'apparition du support polyester d'une résistance mécanique et d'une stabilité chimique plus affirmée, d'une durée de vie de plusieurs centaines d'années supplanta le support acétate dont les qualités de conservation dans le temps n'avaient pas été celles qu'on espérait, et le microfilm put alors réellement jouer le rôle de support de sécurité.

ComplémentPremières applications en France

1) Reproduction à usage administratif

Le premier exemple de reproduction massive de documents à usage administratif en France remonte à la guerre de 1870-1871. Pendant le siège de Paris, Prudent Dagron, chargé d'un service de renseignements, utilisa son procédé de microphotographie pour organiser entre Paris et Tours des transports par pigeons voyageurs. Les messages à transmettre, documents émanant de membres du gouvernement provisoire, copies de journaux, ou cartes pour l'armée, étaient regroupés et photographiés sur films au collodion; les émulsions d'environ 6 cm², étaient séparées de leur support (verre), enroulées sur elles-mêmes et mise dans des tubes attachés aux pattes des pigeons; à l'arrivée le film était reporté sur plaque de verre et agrandi ou projeté pour être déchiffré; près de deux millions de messages furent ainsi acheminés.

2) Premiers microfilms dans les archives

Les premiers microfilms de documents dans les archives en France datent de 1937. Jean Hubert, archiviste de la Seine-et-Marne, fit établir des films de type négatif 24 x 36 de documents divers (manuscrits autographes de Bossuet, et surtout des plans) et en fit tirer des épreuves de consultation pour les lecteurs. On communiquait aux lecteurs des tirages à grandeur réelle et non le microfilm, les premiers appareils de lecture mis au point en 1928 étaient encore peu répandus.

Aux Archives nationales, la première opération de microfilmage de complément fut effectuée entre décembre 1940 et août 1941 lors de la restitution à l'Espagne du fonds dit "de Simancas" que Napoléon 1er avait fait transférer en France en 1810. Ce microfilm reproduit les anciens articles cotés K 1385 à 1711, concernant les relations de la France avec l'Espagne, il compte 278 bobines pour une longueur de 6 270 m.

En 1949, Charles Braibant, alors directeur des Archives de France, créait une sous-section des archives privées, économiques et du microfilm aux archives nationales pour engranger, sous forme de microfilms, les fonds privés ou économiques dont les possesseurs ne souhaitaient pas se dessaisir, et dont le volume, parfois important, risquait de dépasser les capacités linéaires de rangement.

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