Module 9 - Section 1 : Microfilmer les documents

4. Utilité, emplois, limites du microfilm

Utilité, emplois, limites du microfilm

Pour contrer les dangers permanents qui menacent les documents (catastrophes naturelles, accidentelles, larcins, auto-destruction de papiers de mauvaise qualité) longuement détaillés dans d'autres chapitres, on a imaginé d'utiliser le microfilm à la fois comme moyen de reproduction et comme moyen de sauvegarde des fonds d'archives.

4.1. Utilité d'une copie imagée

L'établissement d'une copie microfilmée était un moyen de sauvegarde des documents, ou tout au moins de leur image fidèle. La communication sous forme de microfilm permettait aux lecteurs d'accéder à l'information et de faire des copies sans recourir au document original, épargnant aux documents sorties de magasins, manipulations en salle de lecture et remises en place aléatoires. Elle pouvait se faire à distance, apportant la connaissance à un plus grand nombre de chercheurs. Enfin, le microfilm, à la différence des photocopies, pouvait être reproduit plusieurs fois sans avoir à revenir aux documents papier.

Bien conservé, le microfilm peut se conserver jusqu'à 500 ans, si l'on en croit les tests de vieillissement; si on constate des détériorations, le film peut facilement être reproduit en l'état. La surveillance de sa conservation est peu contraignante et peu coûteuse.

Depuis les années 1990, l'image numérique concurrence l'image argentique. La numérisation directe et ses possibilités de recherche automatique offrent pour la communication de grands avantages sur le microfilm. Pour des fonds fermés bien classés et pour des masses documentaires dont la fréquentation est aléatoire, le microfilm reste cependant une excellente sauvegarde.

Le site Agfa Gevaert donne une analyse d'un raccourci percutant :

"le film analogique est encore le meilleur média pour l'archivage à long terme : il a fait ses preuves depuis des années et son prix de revient est compétitif. La technologie actuelle permet de numériser l'information contenue sur microfilm afin d'utiliser les avantages des deux médias: le microfilm pour son prix de revient et archivage à long terme, l'image numérique pour accès rapide et diffusion aisée".

4.2. Emplois du microfilm

La théorie énonce trois sortes de films : de sécurité, de substitution, de complément.

Microfilms de sécurité

L'opération de reproduction s'applique aux fonds les plus précieux conservés dans le service et aux inventaires en exemplaire unique pour parer à une destruction éventuelle de documents qui doivent être conservés indéfiniment et dans les meilleures conditions. Tous les documents qui composent les fonds sont reproduits dans l'ordre où ils se présentent et qui est indiqué dans les inventaires.

Microfilms de substitution

Après reproduction par microfilmage, les documents sont détruits. Le microfilm prend alors la place du document lui-même.

Il n'existe que peu d'exemples du genre dans l'administration. Des journaux sur très mauvais papier ont été détruits après reproduction. Le procédé est plus fréquent dans des entreprises privées pour des documents à durée d'utilité limitée dans le temps. On peut citer le cas de la Caisse autonome de Sécurité sociale dans les Mines qui a établi des films 16 mm en remplacement de bordereaux de salaires originaux et versé une copie du microfilm aux Archives nationales.

Microfilms de complément

Les microfilms de complément sont établis d'après des documents dont les originaux se trouvent dans d'autres dépôts, publics ou privés. Il peut s'agir d'archives étrangères, d'archives privées, de familles ou d'entreprises, de bibliothèques ou d'institutions scientifiques diverses.

Exemple

Histoire internationale : documents intéressant l'Histoire des Flandres

Registres des comptes de la Recette générale des Finances de Bourgogne et du Grand Bailliage de Hainaut, des cartulaires de Flandre, d'Audenarde, Liège, Malines, Gand, Hainaut, Valenciennes, etc…, documents allant de 1291 à 1699, conservés aux Archives départementales du Nord et de la Côte d'Or qui ont été filmés spar le Fonds National de la Recherche Scientifique belge.

Le microfilm comporte 292 bobines soit 7 357 mètres de pellicule et plus de 175 000 vues.

Des exemplaires de ces films se trouvent aux Archives Nationales en France, aux Archives générales du Royaume de Belgique, dans diverses Bibliothèques de Belgique, et dans les archives départementales concernées où ils font l'objet de nombreuses communications.

Histoire nationale : le chartrier de Castries (département de l'Hérault, France)

Reflet de l'histoire d'une famille, où l'on trouve les papiers d'un officier couvert de gloire dans les guerres du XVIIIème siècle et ministre de la Marine de 1780 à 1787, et les titres des biens des diverses branches de la famille.

Le microfilm comporte 168 bobines, 4 343 mètres, 101 131 vues.

Ces documents intéressent tant les institutions que l'histoire locale du Languedoc ou du Nord de la France.

4.3. Limites du microfilm

Pour qu’un microfilm soit utilisable, il faut que les documents qu’il reproduit soient classés et rangés en bon ordre. Le travail de prise de vue et les fournitures ont un coût certain, chaque vue n'est pas chère, mais le nombre de vues fait très vite monter l'addition. Enfin, on ne peut aisément ajouter ou retrancher des documents une fois la prise de vue réalisée.

Nécessité d'un classement préalable

Le microfilm fige un fonds, il faut donc que celui-ci soit trié, classé et pourvu d'un inventaire avant de passer à la prise de vue. Si on compte le temps que prennent toutes ces opérations dans le prix de revient d'un film, le microfilm coûte très cher; on peut cependant penser que le classement fait partie de l'activité normale d'un service d'archives et ne devrait pas être imputé aux dépenses nécessitées par l'application micrographique.

On voit souvent réaliser des microfilms immédiatement après le classement d'un fonds, surtout s'agissant de fonds anciens moins importants en volume que les archives contemporaines. C'est un moyen de fixer le classement qui vient d'être effectué, et aussi une preuve de la présence des documents à un moment donné; de tristes exemples ont montré que des larcins peuvent survenir après la diffusion d'un inventaire.

Coût de réalisation et d'investissement en matériel

La réalisation a un coût non négligeable : investissement en matériel, dépenses d'exploitation, frais d'entretien, dépenses de personnel, matériel et de consommables. L'utilisation entraîne aussi l'investissement d'équipements de lecture, de conditionnement et de classement, et de personnel.

Pour la lecture les appareils lecteurs reproducteurs de microfilm sont chers et moins présents sur le marché que les ordinateurs, mais pour lire un microfilm on n'a besoin, outre la présence du microfilm, que d'un système lumineux d'agrandissement et de projection, simple et ne dépendant pas de changements techniques, alors que l'évolution des standards, des procédés, des logiciels et des matériels de lecture risque de rendre les supports numériques inutilisables au bout de quelques années, sauf si on procède à des transferts contraignants à chaque mutation technologique.

Quelques inconvénients du microfilm

La valeur intrinsèque du document est perdue dans la copie filmée, comme dans tout autre moyen de reproduction.

Il est difficile d'ajouter des documents supplémentaires une fois les documents filmés.

Le lecteur ne peut pas comparer deux images différentes sur le même rouleau (on peut en dire autant des copies numérisées).

Les recherches automatisées sur microfilms sont rares, il faut donc dérouler le film comme si on tournait les pages du document original.

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