9.4. Procédés de numérisation selon les objectifs

Les ouvrages les plus anciens sont les plus faciles à reproduire, en effet ils comprennent des textes, et des images en gravure sur métal ou sur bois, le tout en noir sur fond papier. Dans ce cas, la numérisation bitonale s’applique de facto, en ayant soin de régler la définition de manière à sauvegarder les traits les plus fins (catégorie 3) , à éliminer la couleur et la texture du papier, si celles-ci ne concernent pas l’objectif de la sauvegarde

Lorsque l’on va numériser des imprimés «contemporains» en grande quantité, il faudra plus ou moins faire un choix quant au procédé pour les pages contenant à la fois du texte et des images en similigravure (décrivant des photographies en demi-tons):

  • a) soit on choisit le procédé bitonal à basse résolution et les images en simili gravure sont altérées, voire sacrifiées si elles sont fines (catégorie 2),

  • b) soit on choisit le procédé bitonal à haute résolution et les images en simili gravure sont reproduites avec leur trame originale, mais le volume du fichier augmente et la consultation détaillée des gravures nécessite leur impression (catégorie 3),

  • c) soit on choisit un procédé en niveaux de gris ou en couleurs avec un détramage des images en similigravure, et le texte apparaîtra un peu flou, mais la consultation à l’écran restera aisée (catégorie 2).

ComplémentProcédé bitonal

Dans le procédé bitonal appliqué à des originaux comprenant et/ou des gravures et des similigravures à trame grosse ( moins de 100 lpi ou trame inférieure à 100 lignes par pouce), on peut prendre le parti de reproduire le tout en 300 dpi ou plus. C'est infiniment plus simple pour l'opérateur à partir du moment où les essais de densité sont effectués. Il est à noter que dans ce cas, la consultation à l'écran n'est pas «agréable», mais l'impression est de la meilleure qualité pour chacune des imprimantes utilisées. La photographie cependant peut montrer des contrastes variables et un aspect granuleux sur les imprimantes à basse définition (moins de 600dpi).

Numérisation bitonale en 300 dpi

Numérisation bitonale en 300 dpi d'un catalogue de facture soignée : la lecture est aisée, les images sont un peu dégradées,voire moirées, mais acceptables.

Numérisation bitonale en 600 dpi

Numérisation bitonale en 600 dpi : les images sont plus fines et le document est reproductible dans de bonnes conditions, même en imprimerie de type "bulletin d'histoire locale"

Attention !

Sur les exemples ci-dessus, les images ne sont pas réellement au mode bitonal, il s'agit d'une simulation permettant d'apprécier des différences, comme si l'on lisait le document réimprimé, sans s'approcher pour voir les détails.

ComplémentNumériser des pages entières en tons continus

La numérisation des pages entières en niveaux de gris avec détramage conduit à rendre un peu flous les caractères du texte, les filets et gravures au trait, au profit du rendu des photos.

Ce procédé a l'avantage d'obtenir assez facilement une page apte à l'impression domestique, mais parfois dans un volume supérieur à celui d'un fichier bitonal. Il faut veiller à détramer efficacement les images, car ce sont les points de la trame qui augmentent la taille du fichier( leur description est plus compliquée qu'une étendue de gris uniforme)

Page numérisée en niveaux de gris

Aspect lègèrement flou d'une page numérisée en niveaux de gris avec détramage global

Rappel !

Il n'est pas nécessaire de détramer les ouvrages en héliogravure. L'acquisition est fait en mode niveau de gris sans autre artifice qu'une bonne balance des luminosités.

ComplémentChoix avancés concernant les numérisations d'imprimés

Avant de se lancer dans les détails exécutoires d’une numérisation d’imprimés, il est nécessaire de se rappeler :

  • que la numérisation de l’imprimé sera toujours un compromis entre la qualité et le temps ou l’espace disque que l’on veut y consacrer,

  • que la numérisation des imprimés est très techniques (sa réussite se fait au moment même de la numérisation: on veillera donc à la confier à du personnel compétent).

Pour la reproduction de pages composites

Il est possible de reproduire assez simplement une page dans un bulletin d'information, à l'aide d'un fichier photo unique, comme indiqué ci-dessous.

  • 1. Acquérir la page entière en mode niveau de gris, sans détramage et en 300dpi: les textes apparaissent assez nets, les photos apparaissent non détramées.

Page brute de numérisation

Page brute de numérisation : la photo est moirée, le fond est gris, les caractères sont "mous" - Cette page au format tiff avant retouche fait 2 mégaoctets et, après retouche seulement, 700Koctets. La grande taille du fichier de la page brute est due à la description complexe de la trame et du fond en papier.

  • 2. Ouvrir le fichier dans un logiciel de retouche, sélectionner uniquement l'image (ou les images) et appliquer un filtre de détramage en post-traitement sur ces zones.

    Intervertir la sélection et augmenter le contraste ou changer les niveaux sur le texte: le fond en papier disparaît ou s'éclaircit et les caractères gagnent en vigueur.

    La page est maintenant prête à être intégrée dans une composition ou en ligne, de manière simple. Mais il faut avoir à l'esprit que l'impression de ce document se traduira par un tramage des textes par l'imprimante ou la flasheuse de l'imprimeur.

Page retouchée

Page retouchée : la photo est détramée, sa densité est adaptée, le fond est clair et les caractères bien nets

Pour la reproduction fine en ouvrages imprimés

Pour la réédition d'ouvrages anciens en imprimerie, il faudra assurer une reproduction des textes et gravures sans trame, et des photographies (similigravures) avec une trame.IDEM On procède par une bitonalisation intégrale des documents sources, puis par la méthode des "deux couches" si les similigravures ne se traduisent pas bien à la réimpression.

  • 1. Acquérir les pages entièrement au mode bitonal en haute définition (1200 à 2400 dpi), la photographie apparaît avec la trame d'origine dans ce premier fichier qui sera utilisé pour la restitution des textes, gravures et filets. Si l'original a été imprimé sur un papier glacé ou couché de bonne qualité, on pourra conserver ce document dans son intégralité en bitonal et le reproduire en offset tel quel, si les points de la trame sont bien formés et nets. Dans le cas contraire, on devra passer à la seconde phase: transformation de la photo tramée en niveaux de gris.

Première couche

Première couche de la page acquise en mode bitonal: les caractères qui vont être conservés pour la reproduction sont bien nets et seront reproduits sans tramage

Acquérir à part les similigravures en mode niveau de gris avec un détramage et pratiquer une correction globale de l'image en matière de contraste, niveaux, etc.

  • 2. Les fichiers en niveaux de gris sont ensuite replacés par dessus la page bitonale, dans un logiciel de composition (prépresse). La réserve de l'image en niveau de gris est très légèrement agrandie pour couvrir le fantôme en mode bitonal, ou celui-ci est effacé dans le fichier et remplacé par un cadre fin plus petit que l'image, juste pour l'aide au positionnement. Ces images en niveaux de gris peuvent être retravaillées et même leur rendu amélioré par rapport à l'original pour augmenter la lisibilité.

Page finie

La page finie : la photo est détramée, sa densité est adaptée, le fond est clair et les caractères seront imprimés au mode bitonal avec la définition maximale de la photocomposeuse

Attention !

L'acquisition d'un document au mode bitonal est relativement aisé et peu coûteux, par contre le procédé des deux couches, nécessitant des retouches et de la mise en page reviendra plus cher, et de plus en plus cher selon le nombre des photos en similigravure. L'imprimeur devra en outre être très compétent (inutile de demander ceci à une imprimerie de labeur).