Module 10, section 1 : Construire et/ou aménager des bâtiments et locaux d'archives

3.1.7.2. Normes : température et hygrométrie

La question des normes à respecter dans le domaine du traitement de l’air au sein des bâtiments d’archives est complexe.

Essayons d’y voir clair.

  1. On recommande depuis toujours et généralement dans la littérature archivistique internationale un environnement climatique pour le papier de 18-20° de température et 45-50% d’humidité relative.

    Néanmoins, d'autres normes vont de 14 à 20°C (+ ou – 2°C) et de 45 à 55 en HR ,voire chez les Anglais de 13 à18°C et de 55 à 65 HR : c'est dire que nous ne sommes pas face à des certitudes !

    À l'issue de nombreuse observations et études, la Direction des Archives de France est parvenue à la conclusion :

    • Les températures doivent être maintenues dans une fourchette de 16° à 22 ou 23° voire exceptionnellement 24 ou 25° l'été pour une durée limitée. Avec une variation maxima de 2° par semaine et 1° par 24 heures.

    • L’hygrométrie dans une fourchette de 40 à 55 % avec une variation maxima de 5% par semaine et 1% par 24 heures.

    • Le rapport entre la température et l’hygrométrie doit être pris en considération. Les taux de température d’une part et d’humidité relative d’autre part sont corrélés : si la température augmente, l’humidité relative diminuera et, à l’inverse, une baisse de la température entraînera une hausse de l’humidité relative. C’est ainsi qu’en hiver le taux d’humidité peut être plus élevé sans dommages, si parallèlement la température d’ambiance est plus basse. À l’inverse, en été la température intérieure peut monter si on maintient l’humidité relative en valeur basse de la fourchette admise.

  2. On recommande généralement pour les photos noir et blanc 12° C et 35 HR (+/-5).

  3. On recommande pour les photos couleur 5° C et 35 HR.

  4. On recommande pour les documents magnétiques 18° et 40 HR.

L’essentiel est d’éviter les variations brusques et de laisser les taux évoluer doucement pour que les documents ne subissent aucun choc thermique d’où la nécessité de prévoir une harmonisation entre les magasins et les autres locaux où les documents peuvent se retrouver stockés.

Pour le papier, et non pour le parchemin, les experts visent désormais une atmosphère plutôt plus froide mais sans humidité, ce qui n'est pas réaliste dans des climats un peu chauds, méditerranéens par exemple. Restons donc sur l’idée d’évolution lente dans des limites à ne pas franchir excessivement. Bien des bâtiments fort anciens avec forte inertie thermique, comme en France les Grands dépôts des Archives nationales, qui réagissent lentement aux variations climatiques selon les saisons, ont montré leur capacité à constituer de bons "conservatoires" de la mémoire archivistique nationale.

Le point important réside dans la conjonction des deux paramètres :

  • température,

  • humidité relative ;

plus l’air est chaud et plus il peut contenir d’humidité sous forme de vapeur d’eau avant de parvenir à "saturation" : à 20° l’air peut accepter 14,61 g de vapeur mais à 5° seulement 7g. Il ne faut en aucun cas dépasser le taux de saturation :

  • si le taux de saturation est atteint, la condensation se produit et l’eau sous forme liquide se déposera sur les parties les plus froides, en général les murs, les meubles et les documents ;

  • l’excès d’humidité entraîne le développement de champignons destructeurs et provoque l’hydrolyse des fibres du papier.

À l’inverse, un excès de sécheresse entraînera des dégâts et cassures sur les parchemins, les cuirs de reliure et les colles.

Lorsqu'on met en relation des données climatiques et des germinations possibles de micro-organismes, on constate que, en cas d’excès d’humidité, il faut agir rapidement pour atténuer les risques de germination en abaissant la température.

  • l’idéal est de disposer d’une installation correcte pas trop compliquée sur laquelle le service des archives puisse intervenir rapidement pour faire modifier les paramètres et rétablir la situation magasin par magasin et non pour l’ensemble des magasins en bloc ;

  • donc il faut une installation simple et maniable disposant d’une régulation magasin par magasin ;

  • les études préalables confiées à des ingénieurs spécialisés, prenant en compte les conditions climatiques locales, sont assurément fort utiles et un bon contrat de maintenance avec une entreprise stable encore plus.

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