Le "goût de l'archive" à l'ère pandémique

Member for

9 années 8 mois

N° 21
(15 juin 2020)


 

Introduction

Nous avons tous conscience, comme rarement, de vivre une période historique. Dans ce moment si particulier, marqué par le confinement de la moitié de l’humanité sur les six derniers mois, quelle est la place et le rôle des archives ? L’archive est une trace du passé, une empreinte du présent, un jalon du futur. En avons-nous pris la mesure ces dernières semaines ?

Pour s’en assurer, le Conseil International des Archives (ICA) prend les devants mi-mars et publie sur son site une déclaration intitulée « COVID-19- Bien documenter : un devoir plus que jamais essentiel en cette période de crise ».

« Quel que soit le secteur, la sauvegarde et la conservation des archives et des données est une nécessité absolue »

La déclaration de l'ICA a-t-elle été entendue et suivie d'effets ?

 


L’archive est une trace du passé…et une source d’enseignements

Les phénomènes épidémiques et pandémiques ne sont pas le propre de l’ère contemporaine, on en retrouve l’occurrence aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps. En témoignent les récits des survivants comme celui de Thucydide dans la Guerre du Péloponnèse. En témoignent également les documents d’archives que nous avons conservés. Ces derniers permettent d’avoir une connaissance factuelle du déroulement des épidémies, des mesures adoptées, des victimes ; ils sont sources de connaissances et d’enseignements. C’est tout le sens de la démarche de Daniel Defoe dans son Journal de l’année de la peste (1720). Rédigé à l’aide des documents d’archives dont dispose Defoe (registres paroissiaux, registres de commerce, libelles, archives de la mairie de Londres), cet essai entend présenter un examen clinique de l’épidémie de peste survenue à Londres en 1665 sur le plan humain, social, économique, sanitaire, politique. Defoe retranscrit par exemple l’ensemble des arrêtés municipaux pris en 1665 pour endiguer la progression de la maladie, de la mise en place du confinement généralisé et obligatoire à l’interdiction des rassemblements et des rites funéraires traditionnels (cérémonies religieuses, accompagnement des défunts, enterrements). Il analyse les dangers d’un déconfinement mal maîtrisé et les conditions à mettre en place pour s’assurer de son bon déroulement. Nous dirions aujourd’hui « éviter la deuxième vague » ! Mais l’ambition de l’auteur ne se borne pas à une simple exposition des faits, il entend tirer les leçons des mesures qui ont fonctionné, des oublis, des manquements, afin d’améliorer la gestion de la prochaine épidémie. Car il ne fait pas l’ombre d’un doute à ses yeux que le phénomène est voué à se reproduire. C’est un point, entre autres, que nous n’aurions pas dû oublier.

Remonter le cours des fleuves épidémiques jusqu’à leurs sources archivistiques c’est aussi faire un voyage spatio-temporel vertigineux. C’est réaliser que ce que nous vivons n’a rien de nouveau et que les émotions, les angoisses et l’imaginaire collectif des citoyens d’Athènes au Vème siècle avant JC sont d’une actualité et d’une modernité stupéfiante. Ou l’inverse.

Il existe bien d’autres témoignages qui ont en commun d’avoir tous été écrits quelques années après l’épidémie et qui tous soulignent l’importance de la conservation des preuves et des données qui s’accumulent dans le présent c’est-à-dire des archives courantes. Pour se souvenir, il faut donc en tout premier lieu organiser la collecte d’archives.

 


 


Qu’en est-il de l’effort de collecte des données durant la pandémie que nous vivons ? Qui en sont les acteurs ?

Nous ne pourrons pas citer de manière exhaustive les projets de collecte des documents et archives relatifs à la COVID-19 qui ont vu le jour ces derniers mois. Ils sont très nombreux. L’appel de l’ICA a été entendu ! Vous trouverez un recensement de ces projets sur certains sites comme le blogue « L’histoire contemporaine à l’ère numérique ». Ce qui est frappant dans ces listes, outre l’ampleur du phénomène, c’est l’originalité de certaines démarches et l’implication d’acteurs inattendus.

Les organismes patrimoniaux qui ont pour mission la collecte des documents matériels et virtuels

Les institutions d’archives et plus largement les institutions patrimoniales (musées, bibliothèques) se sont organisées dès les premiers signaux de la pandémie pour assurer leurs missions de collecte et de conservation dans des conditions optimales. Le service du dépôt légal consacré au web de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) par exemple s’emploie depuis le mois de mars à conserver tout ce qui concerne la COVID-19 sur internet. Son alter ego américain, la Bibliothèque du Congrès, fait de même. C’est un travail d’anticipation précieux, on connaît la fugacité du web. Les institutions d’archives quant à elles, joueront leur rôle habituel en collectant et conservant les documents officiels ayant trait à la pandémie.

Mais la déclaration de l’ICA ne s’adresse pas uniquement aux institutions dont la collecte d’archives est la mission : « Bien documenter est un devoir qui relève non seulement des États, mais également des entreprises commerciales ainsi que des institutions d’enseignement et de recherche. ». Là aussi, la mobilisation est au rendez-vous.

Les organismes non patrimoniaux qui créent un projet d’archivage du web spécifiquement dédié à la pandémie.

Dans cet effort de collecte, il faut en effet souligner ce fait plus original : des organismes dont ce n’est pas la vocation ont également entrepris de conserver les pages, sites, blogues concernant la COVID-19. Nous ne les citerons pas tous et ne retiendrons que deux exemples, celui de l’Université de Concordia à Montréal et celui du Consortium international pour la préservation d’Internet.

Le projet d’archivage du contenu Web relatif à la COVID-19 à l’Université Concordia vise à préserver des sites bien souvent éphémères pour leur valeur informative à long terme ainsi que pour leur apparence et leur cachet, qui fournissent habituellement de la valeur contextuelle supplémentaire. Ces sites ont été rassemblés et centralisés dans une collection Web ayant trait à la COVID-19 destinée aux personnes qui s’intéressent actuellement au sujet et aux futurs chercheurs et chercheuses qui pourraient s’intéresser à l’empreinte numérique laissée par l’Université Concordia durant cette crise sans précédent.

De la mi-mars au début du mois de mai 2020, le Service de la Gestion des Documents et des Archives (SGDA) a capturé 2.8 Gb et plus de 66 000 documents du site Web officiel de l’Université et des publications étudiantes The Link et The Concordian.

Cette « collection » a été créée en février 2020 et n’est pas exclusivement francophone. On peut y trouver des références dans toutes les langues. L’objectif est de préserver les contenus en ligne ayant trait à la pandémie de la COVID-19. Les sujets retenus sont : les sciences et la santé, les évènements spontanés, les actualités, l’épidémie, le coronavirus, l’épidémie de la COVID-19. Cette entreprise donne accès à des captures de sites à une date donnée en utilisant le principe de la wayback machine. Mais à la différence du mode opératoire habituel, l’ensemble des références liées à la pandémie est regroupé dans un espace dédié sur un site : Archive-it. De plus le site Archive-it offre à l’internaute la possibilité de faire des recherches par langue et par institution dans cette collection.

A titre d’exemple, il est possible de consulter le site des médecins urgentistes de France le 3 avril 2020 ou celui de l’Université d’Ottawa au Canada  le 2 avril 2020 ou encore la page d’accueil du Ministère de la santé de Tunisie le 11 avril 2020.

C’est une base de données web mondiale dédiée à la pandémie.

Toutes ces entreprises montrent que l’on a pleinement conscience aujourd’hui de l’importance de la collecte et de la conservation des archives pour renseigner le passé comme le travail des historiens futurs. Ce que le grand public sait moins -et cet épisode pandémique l’a révélé au grand jour- c’est l’importance que peut revêtir la collecte d’archives courantes dans et pour le présent.


De la collecte et du traitement des archives courantes à des fins immédiates pour endiguer la pandémie

Les opérations de collecte d’archives courantes et les outils de traitement dont nous disposons aujourd’hui permettent d’utiliser efficacement ces données dans un temps court. Et de les rendre accessibles à tous.

Ce sont principalement des données chiffrées dont la collecte, le stockage dans des banques et l’analyse par des algorithmes, produit en temps réel des informations précieuses. Il ne s’agit donc pas de stocker des données brutes ; elles seront, aux vues de leur volume, inexploitables telles quelles d’ici peu. Il ne s’agit pas non plus de les analyser plus tard -comme le ferait et le feront les historiens-. Elles sont traitées immédiatement afin d’améliorer le contrôle de l’épidémie. Ces réalisations sont autant de démonstrations de ce qui peut être fait avec une récolte exhaustive de données dans un champ précis. Nous nous limiterons ici encore à deux exemples :

Le champ de la cartographie illustre de façon spectaculaire ce qui peut être fait en temps réel grâce à la collecte et au traitement des données. Les spécialistes sont aujourd’hui en mesure de réaliser des cartes évolutives comme aucun historien, géographe, démographe n’en a jamais produite ! Ces compétences se sont révélées particulièrement utiles pour déterminer les foyers épidémiques et contrôler la progression du virus de la COVID-19.

Toutes ces cartes et graphiques seront autant de matériaux pour les futurs historiens et médecins qui se pencheront sur l’étude de cette pandémie. Mais il faut garder à l’esprit que cette démarche, tout en résolvant partiellement le problème que pose la masse des données que nous sommes en mesure de stocker aujourd’hui, engendre une nouvelle question : celle du biais de l’analyse. Les méthodes d’analyse des données ne sont pas toujours précisées. Et si les historiens comme les épidémiologistes pourront s’en servir pour documenter leurs recherches, il ne faudra pas qu’ils se départissent de leur esprit critique.

  •  La collecte, le traitement et le croisement des données personnelles -qu’ils soient consentis par l’individu ou obligatoires pour tous- permettent de trouver et isoler les personnes infectées (« visitées » écrivait Daniel Defoe). Cet article détaille comment les foyers épidémiques en Corée du Sud ont été cernés et comment le patient 31 (c’est-à-dire la trente-et-unième personne diagnostiquée dans le pays) a propagé le virus.

Notre capacité à collecter et analyser des données brutes instantanément -et non plusieurs années après comme le faisaient un Thucydide ou un Daniel Defoe- est évidemment la grande innovation dont nous disposons pour endiguer une pandémie. Pour ce qui est du reste (mesures barrières, confinement etc.), nous l’avons vu plus haut, tout existait déjà au Moyen Age.

Dans cette frénésie de collecte de données, de traces et d’archives – dont nous ne pouvons que nous féliciter vivement- une autre démarche inédite a vu le jour, dans tous les pays touchés par cette pandémie :  la collecte pour la mémoire du confinement et du déconfinement.


La Collecte pour la Mémoire du confinement et du déconfinement

De quoi s’agit-il ?

Lancée en France par les Archives départementales des Vosges et les Archives municipales de Beaune, l’idée a rapidement essaimé dans de nombreux départements et municipalités. Par un tweet de 5 lignes, les consignes étaient posées :

 

Tous les habitants de l’hexagone sont invités à fournir des traces, témoignages, représentations de ce qu’ils ont vécu durant leur confinement. Ce projet a été relayé et encouragé par les autorités archivistiques françaises.  Françoise Banat-Berger, directrice du Service interministériel des archives de France (SIAF), envoie un message aux différents services pour les inviter à participer à cette large collecte. De leur côté, les représentants de l’Association des archivistes français (AAF) affirment : “On a conscience qu’une mémoire est en train de se faire et qu’il faut en conserver une trace, la protéger.”

Grâce à ces initiatives, c’est l’histoire de la perception et de la mémoire privée du confinement qui se dessine.

Y a-t-il eu des précédents ?

Ces dernières années, les institutions d’archives ont pris l’habitude de solliciter leurs publics soit pour des opérations collaboratives en ligne (indexation par exemple) soit pour des opérations de collecte de documents historiques (la « collecte de la Grande Guerre » qui a remporté un franc succès).

Après les attentats de Paris en 2015, les Archives de la ville de Paris ont décidé de conserver les témoignages de sympathie déposés par les parisiens sur les lieux tristement ensanglantés. Mais l’idée avait germé a posteriori. C’est en constatant le volume de ces témoignages que les archivistes avaient eu l’idée de conserver des traces de cette vague d’émotions. Voir le site des Archives de la ville de Paris

Jamais donc il n’avait été proposé au grand public de témoigner de l’histoire en train de se faire à l’échelle de la planète. Le projet « mémoire du confinement et du déconfinement » est inédit à plusieurs titres.

Qui a participé ?

En France

L’ensemble des institutions d’archives ayant participé à l’opération est listé sur portail France Archives. Le profil des français qui ont répondu à l’appel est varié, tout comme les formes qu’ont pris ces témoignages.

Une illustration concrète : les Archives départementales de l’Yonne

Pour vous brosser un tableau plus vivant de cette collecte inédite, nous avons eu la chance de pouvoir interroger Aude Pothier et Arnaud Fouanon qui ont mené l’opération aux Archives départementales de l’Yonne à partir de la mi-avril 2020. Le lancement du projet a fait l’objet de communiqués de presse dans les médias locaux (presse écrite, radio, télévision), et au sein du Conseil départemental. Le service pédagogique des Archives départementales de l’Yonne a quant à lui orchestré une campagne d’information auprès des écoles. Un projet est en cours avec un établissement du département. L’initiative a été très bien accueillie et a fait l’objet de reportages (interviews écrites, reportages télé sur France 3 Bourgogne par exemple).

Fin mai Aude Pothier et Arnaud Fouanon avaient recueilli 17 contributions et en attendaient d’autres. La typologie des documents recueillis est très variée : poèmes, photos, textes, pièce de théâtre, sites internet, journaux de bord. L’âge et le profil des participants le sont aussi. L’initiative a donc touché le public.

Pour ce qui est du tri et du classement de ces documents, les Archives départementales ne prévoient pas d’élimination mais une conservation exhaustive. Il sera créé un fonds par contributeur et un instrument de recherche dédié aux fonds de la Mémoire du confinement et du déconfinement.

Aude Pothier et Arnaud Fouanon vont travailler très prochainement à la valorisation de ces fonds. Quelles formes pourrait-elle prendre ? Les options sont nombreuses. La collecte pour la mémoire du confinement donnera peut-être lieu à des expositions… Aude Pothier et Arnaud Fouanon souhaitent y accorder le temps et le délai de réflexion nécessaire. La valorisation de ces fonds soulève une autre question qu’il faut étudier avec précaution : celle des droits d’accès et de la diffusion de ces témoignages. L’un des contributeurs de l’Yonne a par exemple, spécifié l’usage qui devait être fait, ou pas, de sa contribution.

Cette collecte très originale a donc reçu un accueil très favorable. Elle a également permis aux institutions d’archives de sensibiliser le grand public à leur rôle et à leurs missions.

 

Dans les pays francophones confinés

  •      Belgique :

Le service des archives de la ville de Bruxelles a lancé une opération de collecte et entame une collecte proactive du web sur le confinement/la période. Consulter le site dédié 

L’Association des Archivistes Francophones de Belgique (AAFB) a lancé l’opération « Archives de la quarantaine »

« La plate-forme « Archives de Quarantaine » (#AQA) a pour objectif de centraliser et relayer les initiatives des services d'archives durant la période de confinement, mais également d'encourager la collecte de toutes sources pouvant rendre compte de ce moment historique. »

  •       Suisse 

Le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a signé un partenariat avec l’agence Magnum Photos pour récolter des photographies qui témoignent du regard des professionnels comme des amateurs sur cette période.

« Nous cherchons avant tout des témoignages authentiques et spontanés. Le but n’est pas de chercher la plus belle image mais de raconter ce qui nous arrive, en sachant que cela pourra peut-être éclairer quelqu’un d’autre, précise Pascal Hufschmid. Comme pour les réfugiés, les chiffres du coronavirus ne sont jamais que des chiffres. Il y a un réel besoin de partager cette intimité. ». Source 

Deux historiennes de l’Université de Genève (Myriam Piguet et Caroline Montebello) ont publié une tribune co-signée par nombre de professionnels, le 25 avril 2020. Le centre du propos est de souligner l’importance de documenter la période que nous traversons.

  •       Luxembourg

C’est l’Université du Luxembourg qui est responsable de la collecte pour la mémoire du confinement.

« Nous nous intéressons à toutes sortes de documents : affiches, avertissements ou ordonnances, e-mails, articles de journaux et de revues, listes de courses et rapports d’interventions, mais aussi photos, dessins, messages vocaux, chansons et vidéos, « chats » ou « posts » issus des médias sociaux. Nous vous invitons tous et toutes à charger vos documents sur la plateforme. »

  •       Canada

Musée de la civilisation de Québec

« Morceaux de vie. Morceaux choisis, mais surtout fragment d’une mémoire collective du Grand Confinement qui est en train de s’écrire au quotidien et que le Musée de la civilisation de Québec cherche désormais à rassembler en posant chaque semaine depuis le 23 mars une question à qui (…) veut bien y répondre. Comment vivez-vous votre confinement ? Qu’est-ce qui vous manque le plus ? Comment gardez-vous la forme ? Comment encouragerez-vous vos commerçants locaux dans les semaines suivantes ? ». Source

  •      Compte Twitter @ViralArchive qui archive les œuvres d’art

 


Conclusion

La profusion d’initiatives privées ou publiques en matière de collecte d’archives courantes montre que l’appel de l’ICA a été entendu et a touché un large public. Les institutions patrimoniales se sont mobilisées pour garantir la conservation pérenne de ces données ; leur travail a été relayé par des initiatives émanant d’acteurs, organismes, institutions, dont ce n’est pas la mission première. Il est un peu tôt pour en mesurer la pleine réussite mais l’élan est palpable et remarquable. La collecte et le traitement de certaines données a joué un rôle essentiel dans le contrôle de la pandémie. Leur conservation sera utile pour le travail des historiens et des scientifiques (épidémiologistes, médecins) dans le futur.

Cet effort représente une garantie pour les générations futures, une source précieuse d’enseignements et de progrès. Il représente également un formidable défi pour les archivistes !

Enfin, la collecte pour la mémoire du confinement et du déconfinement a ouvert un champ d’exploration quasi inédit, un nouveau rapport au temps et à l’histoire. Elle viendra renseigner un champ historique en expansion, celui de la perception.

 

Nous remercions infiniment Madame Aude Pothier, Respondable de la mission collecte et conseil aux Archives départementales de l'Yonne, et Monsieur Arnaud Fouanon, Coresponsable des archives modernes et contemporaines et responsable des archives électroniques aux Archives départementales de l'Yonne, de leur précieuse collaboration.

Caroline Becker, webmestre et directrice des opérations du PIAF