Les archives en Haïti : journal de bord
Photo prise tout près des Archives nationales d’Haïti après ce tragique tremblement de terre:
Le comité directeur du PIAF, solidaire avec notre haïtien de cœur Jean-Wilfrid Bertrand, Directeur des Archives nationales de Haïti, lance un journal d’information sur l’état des archives en Haïti. Si vous avez des renseignements à nous faire parvenir, publiez vos commentaires au bas de cette page*. Lorsque nous avons retrouvé Jean-Wilfrid à Bruxelles le jeudi 14 janvier,
il avait quitté son pays quelques heures avant le séisme et ne savait rien ni de sa famille ni de l’état des bâtiments ou du personnel des archives. Nous avons appris depuis que sa famille va bien, ce qui nous réjouit ! Les deux bâtiments des archives nationales situés à Port-au-Prince sont encore debout mais doivent être examinés afin de s’assurer de leur solidité.
L’équipe des archives a malheureusement perdu un de ses membres dans la catastrophe qui a frappé l’île.
Toutes nos pensées vont vers la population haïtienne et vers nos confrères en particulier. Leur force et leur courage, dont nous pouvons constater les manifestations quotidiennes à travers les médias sont une preuve, si besoin en était, de leur formidable dynamisme et de leur volonté inébranlable de surmonter les obstacles.
Jean-Wilfrid Bertrand a renouvellé à Bruxelles sa proposition d’organiser la deuxième édition de la Semaine Internationale des Archives Francophones à Port-au-Prince en août 2010.
* la webmestre du PIAF se réserve le droit de supprimer tout commentaire qui n’aurait pas trait à ce journal de bord.
Comments
Archives d'état civil inaccessibles
Les Haïtiens de Guyane sont dans une situation de grande détresse. La Préfecture continue de demander des extraits d'archives. Les documents d'état civil haïtien ne sont pas accessibles... Si des mesures exceptionnelles ne sont pas prises, aucun Haïtien ne pourra plus être régularisé avant plusieurs années.
Nous avons rapporté la présence importante des Haïtiens en Ile de France et leur présence massive en Guyane. Une grande partie d'entre eux y est en séjour irrégulier.
Les annonces d'assouplissement des procédures, faites par le ministre de l'immigration pour soulager ces situations à la suite de la catastrophe du 12 janvier, sont pour le moins légères: accélération des procédures en cours de regroupement familial, non-expulsions. Rien qui soit vraiment à la hauteur d'une situation exceptionnelle. Malgré les appels à régulariser tous les Haïtiens.
Un appel est lancé depuis Cayenne par les associations françaises et haïtiennes d'aide aux étrangers: " A la suite du séisme qui a eu lieu en Haïti, la communauté haïtienne de France et en particulier de Guyane se trouve dans une situation catastrophique. Les Haïtiens ne sont plus en mesure de prouver leur état-civil et n'ont aucun espoir de satisfaire aux exigences en vigueur pour leur régularisation." Il demande des mesures exceptionnelles de régularisation et de soutien aux familles décimées et aux orphelins prenant en compte l'impossibilité de satisfaire aux exigences administratives en matière d'état-civil. "Toute la population de Guyane se démène tous les jours pour des actions de solidarité mais les institutions restent totalement sourdes."
Cette Demande au Gouvernement Français pour la communauté haïtienne qui, au delà de la Guyane, concerne aussi les Haïtiens de métropole, est en ligne et peut être signée par chacun.
Source : Extraits d'un texte de Martine et Jean-Claude Vernier
Mediapart, http://www.mediapart.fr
sauver le patrimoine haïtien !
NOTE DE PRESSE
Le Comité National Haïtien du Conseil International des Musées (ICOM), s’associe les Représentations locales de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), le Conseil International des Archives (ICA) et la Commission Nationale Haïtienne de Coopération avec l’UNESCO (CNHCU) pour exprimer ses profondes sympathies à toutes les familles haïtiennes et d’étrangers établis en Haïti, particulièrement à la Communauté des institutions, professionnels, collectionneurs et détenteurs de patrimoine culturel mobilier.
Le Comité National Haïtien du Conseil International des Musées (ICOM HAITI), l’AICA, l’ICA et la CNHCU tiennent à attirer l’attention des autorités et de tous les organismes locaux, nationaux et internationaux intervenant dans le déblaiement des immeubles publics ou privés, effondrés ou menacés d’effondrement, sur la stricte nécessité d’en retirer avant toute opération de démolition des objets appartenant au patrimoine culturel en l’occurrence : documents d’archives, œuvres d’art en général, bibliothèques et œuvres littéraires, etc.
A l’initiative de ICOM HAITI, une cellule de crise, « Patrimoine en danger » a été créée en marge de la Commission Officielle chargée de l’évaluation des édifices et de la reconstruction, en vue de coordonner les actions de sauvetage du patrimoine culturel mobilier. Cette cellule est composée de ICOM HAITI représenté par son président, l’architecte de Monuments Joseph Harold GASPARD ;
· de l’ICA représentée par Mr. Jean Wilfrid BERTRAND, Directeur Général des Archives Nationales d’Haïti ;
· de l’AICA représentée par son coordonnateur Mr. Michel Philippe LEREBOURS, Docteur en Histoire de l’Art et Conservateur du Musée d’Art Haïtien du Collège St Pierre ;
· de la Commission Nationale Haïtienne de Coopération avec l’UNESCO (CNHCU) représentée par son Secrétaire Permanent Mr. Jean COULANGES ;
· du Parc Historique de la Canne à Sucre représentée par Mme. Michaelle SENATUS ;
· et de Mr. Lewis CLORMEUS, sociologue, spécialiste en patrimoine et collectionneur.
Le secrétariat de la cellule « Patrimoine en Danger » est assurée par Mr. Lewis CLORMEUS et son siège est au No 7, Impasse Jeanty (Bois Verna), Téléphones (509) 22 45 1019 / (509) 29 45 1019..
Contacts:
1) Joseph Harold GASPARD,
Téléphones : (509) 34 46 2888
E-mails: icom.haiti_01@yahoo.com , haroldgaspard@yahoo.ca
2) Lewis CLORMEUS,
Téléphone: (509) 34 57 3659
E-mails: lclormeus@yahoo.fr
Port-au-Prince, le 25 janvier 2010
Source : Jean-Wilfrid Bertrand, Directeur des Archives nationales d'Haïti
SOS Patrimoine : liste de besoins précis
Séisme dévastateur/ Haïti 12 janvier 2010
SOS
Pour patrimoine en danger
Opération de sauvetage des Archives publiques d’Haïti et autres
biens mobiliers patrimoniaux
1. Nombre d’organismes publics détruits totalement ou partiellement
par le séisme du 12 janvier 2010 : ≈ vingt (environ 20)
2. Besoins urgents :
a) Ressources humaines :
- Archivistes restaurateurs expérimentés dans le sauvetage en cas
de catastrophes naturelles ;
- Enseignants en archivistique et gestion de documents
administratifs ;
- Records managers, praticiens spécialisés dans les logiciels
appliqués à l’archivistique ;
- Informaticiens maitrisant des logiciels appliqués à
l’archivistique ;
- Spécialistes en numérisation et en gestion de bases de données
qui effectueront des séjours de courtes et longues durées (prise en
charge totale ou partielle par leurs institutions) ;
- 40 archivistes volontaires haïtiens et étrangers (chefs de
groupe) dont des informaticiens et des spécialistes en restauration
et
en numérisation ;
- Entre 10 à 15 collecteurs d’archives en vrac par groupe, soient
200 à 300 volontaires (historiens, archivistes, peintres,
numismates, sculpteurs, notaires, étudiants, associations et amis
du patrimoine)
- 40 opératrices et opérateurs d’ordinateurs.
b) Ressources matérielles :
- 60,000 boites d’archives anti-acides de dimensions : longueur :
0,5m/ largeur : 0,35m/ hauteur : 0,35m.
- 150,000 gants en plastique ;
- 150,000 cache-nez ;
- 30,000 rubans adhésifs (collant neutre) ;
- Crayons, feutres, étiquettes, papiers d’emballage neutre, colle
neutre, ficelle, trombones galvanisés, agrafeuses, aiguilles,
papier 8 ½ x 11, 8 ½ x 14 ;
- 20 ordinateurs portables ;
- 3 serveurs centraux ;
- 100 tentes servant d’abris provisoires ;
- 20 radios mobiles de communication ;
- 20 téléphones cellulaires ;
- 10 voitures type pick up ;
- 5 camions de transport ;
- Espace d’entreposage provisoire : 10,000 mètres carrés.
- Nous avons également besoin d’argent pour assurer la logistique,
location de dépôt, de containers d’entreposage, l’achat d’essence,
de nourriture, l’octroi de primes d’encouragement pour les
participants non volontaires.
- Vos dons en espèces peuvent être envoyés au numéro de compte
bancaire suivant : Archives Nationales d’Haïti BRH 111 00 60 38 ou
par chèque libellé à l’ordre de « Archives Nationales d’Haïti »
dont l’adresse est :
22, Angle des rues Borgella et Geffrard
Port-au-Prince, Haïti (WI)
3. Conditions de participation à l’opération de sauvetage :
- Les volontaires étrangers doivent être pris en charge par leur
gouvernement via leur institution respective ou par des
organisations nationales et internationales ou par des ONG, y
compris les arrangements pour leur voyage, leur séjour et leur
assurance tout
risque.
- Les Archives Nationales d’Haïti se chargent de leur accueil, leur
installation, de la division et la coordination des tâches.
4. Institutions étrangères concernées :
- ONU ;
- UNESCO ;
- OEA ;
- BID ;
- FAO ;
- UNICEF ;
- CARBICA ;
- AIAF ;
- ICROM ;
- IRMT ;
- ICOMOS ;
- PNUD ;
- Union Européenne ;
- Conseil International des Archives ;
- Florida International University ;
- Direction des Archives de France ;
- Bibliothèque et Archives Canada ;
- Institut du Patrimoine Culturel (Université Laval) ;
- Bibliothèque et Archives du Québec ;
- Bibliothèque du Congrès de Washington ;
- Schomburg Collection ;
- Archives Nationales du Japon, de la Chine, de la Belgique, de
Cuba, du Vénézuela, du Costa Rica, de l’Argentine, de la Jamaïque, de
la République Dominicaine, de Royaume Uni, de la Hollande, de la
Russie, d’Israël, de Taïwan, de l’Allemagne, de l’Espagne, du Brésil,
du
Sénégal, de l’Algérie, du Bénin, d’Afrique du Sud, du Nigéria, du
Centre de Documentation des Emirats Arabes Unis, de Dubaï, du Qatar,
d’Egypte, de la Pologne.
5. Contacts :
Contactez-nous au plus vite, car les Archives sont sous les
décombres. S’il pleut, ce qui est tout à fait probable, les risques
seront encore
beaucoup plus grands.
a) Jean Wilfrid BERTRAND, Directeur des Archives Nationales
d’Haïti ;
E-mail : bertrandlouissaint@yahoo.fr
Téléphone : (509) 36 78 05 31/ 35 58 03 29/ 34 58 55 28
b) Joseph Harold GASPARD, architecte de monuments;
Téléphones : (509) 34 46 2888
E-mails: icom.haiti_01@yahoo.com , haroldgaspard@yahoo.ca
c) Lewis A. CLORMEUS, sociologue et spécialiste en gestion de
patrimoine culturel immatériel;
Téléphone: (509) 34 57 3659
E-mails: lclormeus@yahoo.fr
Faites-nous part rapidement de vos dons.
Vu et approuvé par :
· Joseph Harold GASPARD, président de l’ICOM Haïti ;
· Jean Wilfrid BERTRAND, directeur général des Archives Nationales
d’Haïti. Membre de l’ICA et de la CARBICA, de l’AIAF et du PIAF.
Président du KAMEM (Comité National Haïtien Mémoire du Monde) ;
· Michel Philippe LEREBOURS, coordonnateur de l’AICA (Association
Internationale des Critiques d’Art) ;
· Jean Coulanges, secrétaire permanent de la Commission Nationale
Haïtienne de Coopération avec l’UNESCO ;
· Michaëlle SAINT-NATUS, directrice du Parc National Historique ;
· Stefan MALEBRANCHE, directeur général du Ministère de la Culture
et de la Communication ;
· Daniel ELIE, directeur général de l’Institut du Sauvegarde du
Patrimoine National (ISPAN) ;
· Francoise B. THYBULLE, directrice générale de la Bibliothèque
Nationale ;
· Emmelie PROPHETE, directrice générale de la Direction Nationale
du Livre (DNL) ;
· Suze MATHIEU, directrice générale du Bureau National d’Ethnologie
(BNE) ;
· Emmanuel DERIVOIS, directeur général du Bureau du Droit
d’Auteur ;
· Turgot THEODAT, directeur général de l’Ecole Nationale des Arts
(ENARTS) ;
· Pradel HENRIQUEZ, directeur général de la Radio Télévision
Nationale d’Haïti (RTNH) ;
· Frantz JACOB, directeur général du Théâtre National ;
· Robert PARET, directeur général du Musée du Panthéon National
Haïtien (MUPANAH) ;
· Willems EDOUARD, directeur général des Presses Nationales
d’Haïti..
Fait à Port-au-Prince, le mercredi 26 janvier 2010.
BNF et BAnQ au secours d'Haïti
PARIS — La Bibliothèque nationale de France ainsi que plusieurs bibliothèques et associations vont s'allier pour aider à la reconstruction et à la remise en service des bibliothèques et archives d'Haïti, durement touchées par le séisme du 12 janvier, a annoncé lundi la BNF.
Le montant de cette aide est encore à l'étude, explique la Bibliothèque.
La BNF prépare en particulier un important don de livres qui sera envoyé en Haïti dès que les infrastructures sur place le permettront. D'autre part, la constitution d'une bibliothèque numérique haïtienne va s'intensifier, dans le cadre des efforts conjoints de la BNF avec la Bibliothèque archives nationales du Québec (BaNQ) engagés depuis longtemps sur place pour développer le réseau francophone numérique.
Cette bibliothèque numérique concerne en tout premier lieu la Bibliothèque Haïtienne des Pères du Saint-Esprit (BHPSE), ravagée par le séisme ainsi que la Bibliothèque nationale d'Haïti. Il s'agit des deux principales et plus anciennes bibliothèques du pays.
Le directeur de la BHPSE, Patrick Tardieu, est attendu à Paris en mars pour une réunion organisée sur Haïti par la Bibliothèque nationale, avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
D'autres bibliothèques françaises et étrangères possédant des fonds relatifs à l'île devraient rejoindre ce programme, dont la bibliothèque John Carter Brown de Rhode Island (nord-est des Etats-Unis) qui conserve un fonds précieux sur la première République noire.
La Bibliothèque nationale et les autres partenaires de l'opération vont aussi aider à la reconstruction et à la remise en service des bibliothèques et archives en concertation avec l'ambassade de France et le réseau patrimonial et culturel haïtien. Des missions d'expertise, des programmes de formation, des accueils en résidence ou encore des animations pédagogiques seront également organisés en Haïti.
L'OIF n'avait pas été invitée à la conférence internationale sur l'aide à Haïti le 25 janvier à Montréal.
Etat des lieux : les archives volent au gré du vent...
"Les archives s'envolent comme des feuilles mortes
Dans les ruines des bâtiments d'Etat, les pelleteuses s'activent. Et rien n'est fait pour conserver le moindre document.
Il n'y a plus qu'un terrain vague au coin de la rue Pavée et des Magasins-de-l'Etat, là où se trouvait, jusqu'au 12 janvier, le principal bureau de perception de la compagnie Electricité d'Haïti (EDH). De l'EDH, il ne reste que des gravats et de la poussière. La ville est plongée dans le noir depuis le séisme, et les archives commerciales de la compagnie sont éparpillées aux quatre vents.
Quelques centaines de mètres plus loin, le bâtiment du Parlement, le Palais législatif, est comme coupé en deux : une partie gît, monticule de ruines, et une autre, blessée et éventrée, laisse apercevoir bureaux disloqués, classeurs ouverts et fauteuils sans dossiers. Aucune mesure particulière ne semble prise pour sauvegarder les documents ou les biens du corps législatif qui dorment là à ciel ouvert.
En face, près de la mer, ce sont le mugissement des pelleteuses et la danse des gros camions du Centre national des équipements (CNE) qui donnent vie à l'ancien local de la chancellerie. Quelques détrousseurs de cadavres s'activent pour rechercher sacs à main ou téléphones. Des récupérateurs de métaux éventrent un classeur, aussitôt chargé sur une brouette qui attend d'être remplie pour partir vers une destination inconnue.
Là non plus, aucune précaution ne semble être prise pour inventorier, protéger ou conserver les documents qui se trouvaient dans le bâtiment du ministère des Affaires étrangères. Tout s'en va, fatras d'un temps révolu, dans les bennes des camions du CNE, qui font un travail exemplaire de déblaiement.
Sur l'avenue Charles-Summer, au siège du ministère de la Justice, le scénario est le même. Une excavatrice, un bulldozer et des camions s'esquivent, s'évitent, des personnes se servent dans l'immense pile de débris qui orne la cour de cette ancienne belle propriété qui fut jadis un hôtel.
Ici, aucun petit pillard ne rôde autour des restes de cet important ministère. Les murs d'enceinte ne sont pas tombés, les agents de sécurité qui sont encore en poste et les policiers disséminés sur tout le périmètre donnent l'impression que tout se passe dans l'ordre le plus parfait. Cependant, l'indifférence face aux dépouilles des documents administratifs est la même. Rien n'est récupéré, comme s'il fallait que l'Etat ancien disparaisse, tels les morts du 12 janvier que l'on enterre à la va-vite."
Source : Article de Frantz DUVAL, "Le Nouvelliste"
groupe facebook consacre à la situation en Haïti
Chers collègues,
Le Conseil international des Archives est en relation étroite et constante avec le directeur des Archives nationales d'Haïti depuis le 13 janvier dernier. Nous relayons les informations, les besoins et les appels à l'aide internationale sur notre site Internet. Par ailleurs, nous agissons dans le cadre du Bouclier Bleu pour vous tenir informés de tous les développements relatifs aux archives et aux biens culturels en général.
Je vous invite à partager vos informations avec toute la communauté du Bouclier Bleu par l'intermédiaire de son mur Facebook consacré à Haiti : http://www.facebook.com/group.php?gid=247281734340. Nous y avions mentionné l'article de M. Duval. A titre personnel, j'y avais également apporté un commentaire.
N'hésitez pas à rejoindre le Bouclier Bleu ! http://haiti2010.blueshield-international.org
Bien cordialement,
Christophe JACOBS
Conseil international des Archives
Président du Comité français du Bouclier Bleu
Réunion d'experts à l'UNESCO le 16/02/2010
Le patrimoine haïtien est menacé. Après le séisme dévastateur du 12 janvier, les pics des démolisseurs guettent maintenant les édifices d'intérêt architectural qui tiennent encore debout. La ministre de la Culture du pays, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, a imposé un moratoire sur la démolition de tout édifice. Les experts internationaux insistent sur l'importance de relancer les activités culturelles.
«La grande crainte maintenant, c'est que l'impression que tout est détruit se propage et conforte les démolisseurs et autres bulldozers», signale au Devoir Dinu Bumbaru, président du comité de pilotage mis en place par le Conseil international des monuments et sites (ICOMOS), pour coordonner l'aide internationale en matière de sauvegarde du patrimoine haïtien.
Les démarches locales et internationales pour y arriver sont enclenchées. Le gouvernement haïtien a mandaté l'Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN) pour s'occuper du patrimoine bâti. Déjà, dans une note de presse, l'ISPAN rapporte qu'à Port-au-Prince, l'église patrimoniale Saint-Louis, roi de France, a été rasée. Le curé a engagé un démolisseur alors qu'elle aurait pu être en partie sauvegardée. «Il faut éviter que ce phénomène se répète à Jacmel, seul site qu'Haïti souhaite proposer pour inscription sur la liste du patrimoine mondial», affirme M. Bumbaru, entre deux voyages au pays meurtri.
Quelque 200 experts en patrimoine bâti, muséal et archivistique se sont réunis à l'UNESCO, mardi, en présence de la ministre de la Culture d'Haïti, du directeur général de l'ISPAN et de représentants d'autres organismes internationaux concernés par le patrimoine.
«L'exercice a permis à chacune des organisations internationales de faire leur analyse de l'état des lieux, rapporte au Devoir Michel Audet, représentant du gouvernement du Québec à la Délégation du Canada auprès de l'UNESCO. En après-midi, il y a eu des discussions autour d'actions prioritaires à poser pour le patrimoine bâti, les centres urbains, les musées, les bibliothèques et archives et le patrimoine immatériel.»
Un premier bilan complet de l'état des sites abritant des biens culturels a été dressé. «Dans les zones visitées de Port-au-Prince, bon nombre d'édifices publics ou à caractère patrimonial historique ont été sévèrement touchés ou simplement détruits», peut-on lire dans le Bulletin du 1er février de l'ISPAN. Ce dernier a également établi des mesures conservatoires d'urgence pour assurer la sécurité des citoyens, sécuriser les ruines et trier les éléments décoratifs et architecturaux importants.
Ces mesures concernent notamment le palais national (1922), les casernes Jean-Jacques Dessalines (1912), le palais des finances (1880), le palais de justice (1927), le palais des ministères (1881), l'hôtel de ville (1925-1928) et plusieurs lieux de culte témoins de l'implantation de l'Église catholique en Haïti après la signature du Concordat de 1860: la cathédrale Notre-Dame (1912), l'église du Sacré-Coeur de Turgeau (1908), l'église Sainte-Anne du Morne à-Tuf, ainsi que la cathédrale de la Sainte-Trinité, dont la collection unique de peintures murales, réalisée par de grands artistes haïtiens dans les années 1950, doit être entièrement restaurée.
Haïti a beau être l'un des pays les plus pauvres d'Occident, il figure parmi les nations caribéennes plus riches artistiquement. Un trésor mis à mal par le séisme de force 7 sur l'échelle de Richter.
Le Musée d'art haïtien s'en tire très fragilisé, surtout du côté des salles qui abritent les expositions et les collections. «À déplacer en urgence», signale-t-on dans le bilan des experts. «Fortement endommagée», la Bibliothèque de l'Université Quisqueya a entraîné dans sa chute des oeuvres de Jean-Michel Basquiat qui faisaient l'objet d'une exposition depuis le 22 décembre dernier.
Au 18, rue de Bouvreuil, le Musée et galerie d'art Nader, qui abritait la plus vaste collection privée d'art haïtien et caribéen, s'est effondré, épargnant toutefois le propriétaire et réputé collectionneur Georges Nader. Dans le Guardian, on apprend que malgré quelques tableaux sauvés du désastre — notamment du maître haïtien Hector Hippolyte et d'Alexandre Gregoire, l'un des premiers peintres naïfs du pays —, George Nader fils estime à 30 millions $US les pertes du musée.
En matière d'archives, «la priorité est de sauver les archives des différents ministères qui ont été détruits», indique par courriel Laurier Turgeon, directeur de l'Institut du patrimoine culturel de l'Université Laval (UL) et participant de la réunion à l'UNESCO. Par le biais de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine (aussi dirigée par M. Turgeon), l'UL a participé à la création d'un programme de maîtrise en patrimoine à l'Université d'État d'Haïti, en 2006. Des étudiants québécois et haïtiens sont donc déjà formés et prêts à intervenir sur le terrain, a-t-il fait valoir.
Mais c'est le patrimoine vivant d'Haïti qui a dominé les interventions de l'après-midi à l'UNESCO. Le foisonnement de festivals, carnavals et raras confère une vitalité culturelle particulière à Haïti, qui a besoin d'être stimulée au lendemain du sinistre.
«Présenté comme une des forces vives du pays, ce patrimoine est plus fragile qu'on ne le pense, écrit M. Turgeon. Il suffit qu'un artiste ou artisan meure et toute une école peut s'effondrer. Plusieurs ont souligné le rôle thérapeutique important des festivals qui permettraient, surtout dans le contexte actuel, de remonter le moral des habitants.»
es archives resteront au pays !
Philippe Mercure |
(Port-au-Prince) Le Québec était prêt à voler à leur rescousse, mais les livres précieux et les archives d'Haïti menacés par le tremblement de terre ne quitteront pas leur pays.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/seisme-en-haiti…
faire part de mes considerations
pour l'haiti et ses archivistes
Je commencerai par faire part de mes regrets et de ma desolation suite a ses manoeuvres qui ont secoues la nation haitienne. Je me rejouis en outre de revoir intact le majestueux batiment abritant les archives du pays ; patrimoine de toute une nation et memoire de tout un peuple. En tant qu'ARCHIVISTE en herbes je ne saurais etre plus peiné s'il arrivait le malheur insouhaitable que ces ruines aient touché des temoignages d'un passé omnipresent dans la conscience des produits de ces terres. La nation haitienne se doit de se donner la peine de se redresser et la tete hautement redressée tendre vers l'avant. Elle mérite d'ètre soutendue et d'étre prétée oreille forte pour la consécration de ses acquis .
Réouverture du bureau des Archives nationales en Haïti (15/03/10
Le directeur général des Archives nationales, M. Wilfrid Bertrand, annonce la reprise partielle des activités au sein de l’institution à partir de lundi (15 mars). Un traitementspécial sera accordé aux pièces perdues lors du séisme.
Le bureau des Archives nationales viendra en aide aux personnes qui ont perdu des documents d’identification au cours du tremblement de terre. Un formulaire sera disponible dans les différentes annexes de l’institution pour les personnes qui ont égaré acte de naissance, acte de mariage, ou passeport.
Pour la reprise des activités, le bureau des archives fonctionnera selon un calendrier restreint pour éviter des mouvements de foule incontrôlables.
Les lundis 15 et 22 mars, les Archives recevront uniquement les demandes d’attestation de signature et les demandes pour les pièces à jugement. Les mardis 16 et 23 mars ainsi que les jeudis 18 et 25 mars seront consacrés pour la réception des dossiers de demandes simples ou urgentes.
La direction des Archives nationales informe que l’administration travaillera en plein régime à partir du 29 mars.
CJD/HPN
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- Haïti–Post-Séisme : Deux mois après le 12 janvier: Trois présidents américains pour aider Haïti, 12 mars 2010
Source : Haïti Press Network
La renaissance des Archives nationales toujours attendue
Haiti : La renaissance des Archives nationales toujours attendue
vendredi 20 août 2010
P-au-P, 20aout2010 [AlterPresse] --- Le directeur général des Archives Nationales d’Haïti, Jean Wilfrid Bertrand, garde encore, en perspective, la construction de la cité des archives annoncée, le 22 août 2009, lors du lancement officiel de la commémoration des cent-cinquante ans de cette institution.
Il l’a confié aux journalistes, lors d’une conférence tenue, le 19 août, au ministère de la Culture et de la communication.
Selon le souhait exprimé par Bertrand, cette cité doit être un complexe culturel et administratif sur 6 hectares de terre, avec des espaces culturels et des archives historiques.
« 38 millions de dollars, c’est le coût nécessaire à la réalisation de ce projet » a déclaré le directeur Bertrand, qui rêve de faire des Archives Nationales d’Haïti un modèle de service public.
Wilfrid Bertrand se fixe d’autres objectifs, comme l’établissement d’un système national d’archivage tenant compte des archives départementales et communales, le maintien de l’autonomie administrative et la numérisation du registre d’état civil, pour la célébration du tri-cinquantenaire des Archives Nationales d’Haïti.
Source : AlterPress, http://www.alterpress.com
Les archives sans frontières
Bonjour à tous,
Archivistes sans frontières - section France prépare conjointement
avec ICA et le Bouclier bleu et l'appui du ministère de la Culture et
de la communication, 2 missions en Haïti.
Ces missions ont pour objectif d'aider les collègues haïtiens et une
équipe motivée de 25 étudiants à traiter les archives du ministère des
Affaires étrangères haïtien.
Cet été, l'équipe des étudiants a trié les documents, séparé archives,
documentation et livres et réalisé un premier rangement et
dépoussiérage des archives.
Il s'agit désormais d'apprendre aux étudiants à rédiger des
descriptions sommaires, à reconstituer les fonds et à établir des
outils de gestion des archives contemporaines (plans de classement,
tableaux de gestion).
Ces deux missions doivent prendre place de préférence avant le 20
novembre, date du premier tour des élections présidentielles haïtiennes.
Le bureau d'AsF remercie les collègues motivés par une mission en
Haïti à entrer en contact avec lui. Ils peuvent obtenir de plus amples
informations sur les conditions matérielles et techniques de ces
missions en s'adressant à la présidente de l'association, Danièle
Neirinck, dont voici les coordonnées électroniques :
daniele.neirinck@orange.fr.
Bien confraternellement à tous
Le bureau d'Archivistes sans frontières
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