Les Archives nationales doivent dépoussiérer leurs pratiques, D.Caron, Canada
Il faut que les politiques d’archivage s’adaptent à l’ère numérique, sans quoi la mémoire collective se perdra, dit Daniel J. Caron
C’est un paradoxe amusant. Sous la pression des technologies de l’information, des réseaux sociaux et des vies connectées, les premières années du siècle en cours ont été propices à la conversation numérique, à la production massive et au partage d’informations en tout genre par écrans interposés, mais également à la création de données informatiques dont les volumes sont désormais décrits avec des concepts - quintillion, sextillion, etc. - qui dépassent l’entendement.
Or, très peu de cette modernité parlante, de cette époque qui aime s’exprimer et se faire entendre, parfois de manière obsessive, devrait survivre au présent, pour atteindre les époques futures. « La première décennie 2000 risque en effet d’être plutôt maigre en matière d’archivage », estime Daniel J. Caron, Bibliothécaire et archiviste en chef du Canada. « Nous allons retrouver sans doute ici et là des clefs USB qu’il va falloir lire et décoder, mais, pour le reste, cette période [en passant de l’imprimé au numérique] va laisser de grandes zones d’ombre aux générations futures » sur ce qu’elle a vécu et surtout raconté, ajoute l’homme qui, depuis plusieurs années, cherche à mettre les archivistes fédéraux au diapason de cette nouvelle réalité. Pour que le Canada ne perde pas sa mémoire collective et, du coup, les fondements de sa démocratie.