PIAF et Stage Technique International des Archives (STIA) : un rapprochement et un défi
Parmi les projets qui ont mobilisé notre équipe ces derniers mois, j’aimerais mettre en lumière le rapprochement entre le PIAF et le STIA (Stage Technique International des archives).
Pour les personnes qui ne sont pas familières avec le STIA, rappelons que ce stage a été créé en 1951 par Charles Braibant, alors Directeur des Archives de France (1948 et 1959) et Président du Conseil international des Archives (ICA). Chaque année depuis lors, une quarantaine de stagiaires de différents pays se rendent à Paris pour partager leur expérience, compléter leur bagage et échanger entre eux et avec leurs homologues français. Aussi, ce sont des centaines de stagiaires qui ont bénéficié de cette possibilité au fil des ans. Un passage au stage marque. C’est un moment déterminant dans une carrière professionnelle. Les anciens stagiaires parlent en général avec enthousiasme et émotion de leur expérience parisienne. Au-delà des bénéfices professionnels, bien souvent, le stage a permis de créer de solides amitiés et contribué à la mise sur pied d’un vaste réseau international. Bref, le STIA est un élément incontournable du paysage archivistique mondial et ceci depuis une soixantaine d’années.
Mais, rien n’est immuable : le monde change, la profession évolue et les besoins se diversifient. La formule devait immanquablement être modifiée. Ceci d’autant plus que la durée du stage est maintenant réduite à cinq semaines (alors qu’elle était de trois mois il y a encore quelques années). Ce laps de temps ne permet plus d’aborder l’ensemble des thèmes de la même manière que par le passé. Certains se plaignent de ce changement, mais force est de constater qu’il faut s’adapter à cette nouvelle situation. Dès lors, le moment de faire évoluer le stage était venu.
Mais comment s’insère le PIAF dans ce travail de réflexion ? Des échanges ont eu lieu l’année dernière entre les dirigeants de l’AIAF (Association internationale des Archives Francophones) et M. Hervé Lemoine, le Directeur des Archives, et son équipe par rapport à la possibilité d’un rapprochement entre le STIA et le PIAF. M. Lemoine et ses collaborateurs avaient entamé des réflexions sur le STIA et son devenir il y a quelques temps déjà. M. Lemoine a eu l’occasion de voir de plus près le PIAF et de le pratiquer lors de la seconde Semaine internationale des Archives Francophones, tenue à Hanoï au mois de novembre dernier. Si le principe du rapprochement a très vite été accepté, restait la question du « comment ». En effet, comment concrétiser ce rapprochement ? Suite à des différents échanges et réunions, une délégation du Comité de pilotage du PIAF s’est rendue à Paris les 7 et 8 juin dernier, à l’invitation de nos homologues français, pour travailler avec nos confrères sur cette question. Après deux journées de discussions, de réflexions et de débats, sous la houlette de Jean-Pierre Defrance, le responsable du département de la formation scientifique et technique de la Direction générale des patrimoines, des principes généraux ont été proposés et une tentative de schéma général a été jetée sur le papier.
En ce qui concerne les principes généraux, certains points concernent directement le PIAF :
- les prochains stagiaires du STIA devront connaître le PIAF avant de se rendre à Paris pour effectuer leur stage,
- l'espace e-professionnel du PIAF sera utilisé tout au long du stage -et une fois celui-ci fini, dans le cadre de la création d’un réseau des participants au stage,
- le découpage des modules du stage reprendra en partie celui du PIAF,
- Ibrahima Lo, notre collègue de l’EBAD (Dakar), sera responsable du module d'introduction (les fondamentaux) et du module conclusif,
- Caroline Becker et Anne-Marie Bruleaux, respectivement notre responsable web et notre responsable du volet e-pro, seront parties prenantes du nouveau stage et des projets liés à l’espace collaboratif.
Quant au programme général, il a fait l’objet d’intenses échanges. Finalement, un découpage provisoire par grands modules a été retenu. Des choix ont dû être faits : le temps imparti, et l’approche généraliste réclamée, ne rendent pas possible le traitement de tous les sujets qui avaient été listés lors d’un premier tour de table et encore moins le traitement de tous les sujets qui pourraient constituer un programme complet en archivistique. Le premier jet du futur programme devra encore être affiné dans les mois qui viennent. Une partie de cette tâche reviendra aux responsables des différents modules retenus, au nombre de cinq. Ils auront aussi à cœur de répondre à une autre demande formulée par les anciens stagiaires : pouvoir participer à des ateliers, travailler sur des cas concrets, réaliser des exercices. En un mot, mettre l’accent sur la pratique. Sans oublier que l’approche devra être résolument comparatiste.
Il est certain que l’utilisation du PIAF dans le cadre du stage amènera à terme une évolution du contenu des différents volets du portail et en particulier du volet « Se former ». On peut compter sur les futurs stagiaires pour nous faire part de leurs remarques, critiques et suggestions. Peut-être certains d’entre eux deviendront-ils dans l’avenir des contributeurs du PIAF. C’est ce que nous souhaitons, car, comme mentionné à diverses occasions, nous cherchons à diversifier les exemples et les approches.
Quant à l’espace e-professionnel, il devrait être dynamisé par le travail des stagiaires, que ce soit dans le cadre de leurs travaux personnels ou par le biais de leurs travaux de groupes. Ils devraient également recourir à cet espace pour leurs échanges et pour la réalisation de leur portefeuille professionnel dans lequel ils mettront leur profil et leurs réalisations. Le potentiel est bien présent mais pour le moment « e-pro » n’est que trop peu utilisé. Nous en sommes conscients et nous souhaitons voir cet espace collaboratif prendre son essor. Le STIA pourrait avoir cet effet si les stagiaires s’approprient l’instrument et la philosophie du travail collaboratif. Gageons que les nouvelles générations, beaucoup plus rompues que les anciennes – à laquelle j’appartiens- à ces outils, feront le pas avec aisance et énergie, et apporteront leur pierre à la construction du PIAF.
Au-delà du fond et de la forme même de ce projet, ce rapprochement est un signe de reconnaissance pour la qualité du PIAF et pour tout le travail accompli par les équipes du portail, depuis son lancement. Le PIAF, fortement soutenu par le Service Interministériel des Archives de France, soulignons-le, trouve dans ce rapprochement une autre vocation et peut-être à terme un nouveau souffle. En résumé, cette collaboration entre PIAF et STIA, initiée l’année dernière, est pleine de promesse(s). Toutefois, elle représente également un défi. Tout changement comporte des risques. Les mois qui viennent permettront d’affiner les choses et de préparer le terrain pour que la première édition du STIA « nouvelle formule » soit un succès et qu’elle réponde au mieux aux attentes formulées par les uns et par les autres. A suivre donc…
Je profite de cette occasion pour rappeler que l’équipe du PIAF se tient à disposition pour toute initiative en matière de formation qui pourrait se baser –en partie ou totalement- sur le Portail.