Bénin, la journée internationale des archives (9 juin 2012)
A l’occasion de la Journée internationale des archives (JIA) 2012, l’Association pour le Développement des Activités Documentaires au Bénin (ADADB) a organisé deux conférences. L’événement a eu lieu à la Maison de la Francophonie à Cotonou et a connu une cinquantaine de participants.
La première conférence, animée par Sossou HOUNKPE, enseignant de l’archivistique à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) a eu pour thème : « Sauvegarde des archives des communes à statut particulier : aspects et stratégies pour une bonne gouvernance locale ». Le conférencier a fait l’état des lieux peu reluisant des archives dans les trois communes à statut particulier que sont Cotonou, Porto-Novo et Parakou. Sur financement du Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD), les archives de ces mêmes communes avaient été traitées et conservées dans les magasins a tenu à rappeler l’orateur.
Mais le constat qui se fait depuis la fin de ce projet est clair : les communes ne s’occupent plus efficacement de leurs archives. Et pourtant, la loi N° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin en son article 67 al. 10, fait obligation aux Maires des communes de veiller à la conservation des archives. L’importance des archives dans le développement local a amené le conférencier à démontrer le rôle que peuvent jouer les archives dans l’émergence d’une commune. Pour cela, il a mis l’accent entre autre sur la reddition des comptes, sur la mémoire que représentent les archives pour l’administration locale et sur leur valeur probatoire. Enfin, il a souhaité un renouveau pour les archives communales afin que celles-ci quittent leur état de précarité pour aider les communes à se mettre sur le chemin du développement.
La deuxième conférence animée par Expédit OLOGOU a eu pour thème « le rôle des archives dans la gouvernance locale ».
Archiviste à la base, journaliste et politiste, Expédit OLOGOU a refusé d’entrée de jeu, de définir les archives car dit-il, on ne parle pas de chaussure devant le cordonnier. Et pourtant, il dégaine son audace malgré la présence de son ancien professeur d’archivistique Sossou HOUNKPE, à ses côtés et théorise non pas sur « les archives » mais plutôt de « l’archive ».
Très inspiré alors par Foucault, le conférencier a montré un sens second du mot archive avant d’aborder avec tact et prudence le concept de bonne gouvernance. S’en était une petite introduction qui lui a permis de montrer que dans nos administrations, une pratique courante consiste à envoyer les fonctionnaires indélicats aux Archives en guise de châtiment. C’était avec beaucoup de peine que l’orateur a présenté cette triste réalité qui représente l’un des méfaits majeurs qui marquent la période qu’il a qualifié de période de turbulence.
C’est dans cette période que l’on retrouve le chemin de croix que traversent les archives dans les administrations publiques entreposées sous les escaliers, avec des fauteuils usagés, des pièces de rechange usagées. Sans trop tergiverser sur cette période insipide que les archives ont vécu et continuent de vivre,
Expédit OLOGOU n’a pas voulu rester longtemps à peindre un tableau sombre des Archives des administrations béninoises. L’instinct de journaliste lui parle. C’est pour cela qu’il aborde la période de l’espérance.
Dans cette période, il voit que les spécialistes de l’information documentaire ont un rôle important à jouer. Il donne des idées à l’ADADB. Pour lui, les autorités politiques à divers niveaux suivent beaucoup plus la télévision que les autres média de masse. Il affirme même que le média social facebook n’a plus d’impact sur eux.
Il propose donc de « violer les télévisons sans préservatif pour les archives » pour les atteindre et espérer faire changer leur mentalité vis-à-vis des archives. Il propose ainsi de médiatiser encore plus les archives, d’en débattre sur les chaînes de télévision tel un débat national et même de demander aux futurs conseillers municipaux et communaux de préciser quelles actions ils mèneraient dans ce sens. Ce sont ces différentes propositions qui vont permettre au conférencier de conclure son propos.
Les participants à cette journée sont sortis satisfaits et enrichis à ces deux conférences. D’autres spécialistes I&D dans l’auditoire ont fait le témoignage de leur quotidien à défendre les archives, une cause noble. C’était au grand bonheur des étudiants en Sciences et Techniques de l’Information Documentaire venus nombreux s’enrichir de ces précieux verbes.
Rappelons que la veille, l’évènement a été annoncé dans l’émission « Business and Buss » sur La Chaîne 2, chaîne de télévision privée émettant depuis Cotonou. Le 09 juin, à la même heure que la conférence à la Maison de la Francophonie, Abdel Kader KPADONOU, Archiviste et Premier Vice-Président de l’ADADB, a été reçu sur la chaîne de radiodiffusion ADO FM pour parler de la situation des archives dans les administrations et des actions de l’association.
Roméo TESSY